Haro sur Greta et les verts

En cette période de confinement, provoquée par la propagation d’un virus que bon nombre de personnes ont sous-estimé, les éternels râleurs, conspirationnistes et xénophobes qui polluent les réseaux sociaux ont la cote. On peut lire tout et n’importe quoi. Ceux qui croient être devenus des virologues se propagent encore plus vite que le Covid-19. Les fausses informations se multiplient. Les conséquences de ces «fake news» – d’ailleurs relayées sans gêne par le président américain,
Donald Trump et le président brésilien, Jair Bolsonaro – peuvent être graves.
Au Grand-Duché, l’occasion est trop belle pour fustiger (et enterrer?) le mouvement luttant contre le réchauffement climatique. Depuis le début de la crise sanitaire, on a l’impression que la crise écologique a disparu d’un coup de baguette magique. Mais, en fait, c’est le contraire qui se passe. Même si la nature reprend quelque peu ses droits en raison du confinement, l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre ne diminue en rien.
Il est bien trop simple de dénigrer la militante suédoise Greta Thunberg et la mouvance de la jeune génération pour le climat («Tiens donc : plus d’école, plus de grève pour le climat»). Il en va de même pour ceux qui se réjouissent que les ministres verts Carole Dieschbourg et Claude Turmes aient disparu des écrans («Vous vous rendez compte que ce sont vos détestés camions roulant au diesel qui nous sauvent?»). Le plan Énergie-Climat, qui servira de base pour atteindre les objectifs climatiques, n’est pas encore arrivé à Bruxelles que les premières voix s’élèvent déjà pour arrêter la machine. Pas de hausse d’accises, pas de taxe carbone, le tout en raison de la crise économique qui suivra la crise sanitaire.
Entamer cette voie est certes possible, mais si on perd de vue le besoin urgent de lutter contre le réchauffement climatique, le Covid-19 restera une toute petite parenthèse sur une planète qui a déjà tendance à s’autodétruire.

David Marques