Le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel, également en charge du Commerce extérieur, a créé la surprise, mardi, avec l’annonce de l’opposition du Luxembourg à l’accord de libre-échange que l’UE est sur le point de signer avec les pays du Mercosur. «Pour le moment, nous ne pouvons pas accorder notre feu vert. Nous attendons que la Commission européenne nous présente le texte négocié, y compris les engagements supplémentaires pris», a affirmé l’ancien Premier ministre devant la Chambre. «Un Mercosur pas si sûr que ça», a ironisé le même Xavier Bettel, hier à Bruxelles.
Le hic est que le Premier ministre, Luc Frieden, a cosigné en septembre une lettre dans laquelle onze chefs de gouvernement de l’UE appellent la Commission européenne à rapidement clôturer les négociations engagées depuis plus de 20 ans avec le Mercosur, composé du Brésil, du Paraguay, de l’Argentine et de l’Uruguay. Cette volte-face n’a pas manqué d’être moquée par les partis de l’opposition.
En tout cas, le futur commissaire européen Christophe Hansen, en charge de l’Agriculture, a perdu comme alliés son propre pays et son parti, sachant que le CSV occupe avec sa… cousine Martine Hansen le ministère de l’Agriculture. Lors de son audition devant le Parlement européen, le Luxembourgeois n’avait pas caché être plutôt favorable à l’accord UE-Mercosur. «Je pense avoir adopté une approche équilibrée (…), en disant qu’il y a des avantages, mais qu’il y a aussi des défis évidents à relever», dont l’ancrage de clauses miroirs qui imposent les mêmes normes de production des deux côtés de l’Atlantique. «Mais nous avons également une exportation agro-industrielle qui en profitera largement. L’accord Mercosur constitue donc un défi pour certains secteurs, mais une opportunité pour une autre partie du secteur agricole», enchaînait Christophe Hansen.
Depuis dimanche, les agriculteurs français expriment à nouveau leur colère dans les rues. Au Luxembourg, des inquiétudes existent également. Même des adaptations supplémentaires de l’accord – une signature finale de l’accord est prévue début décembre – ne suffiront pas forcément à calmer les ardeurs. Christophe Hansen, alors officiellement entré en fonction, sera immédiatement mis à l’épreuve.