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Guerres sans limites

La parenthèse des Jeux olympiques n’a pas permis d’effacer la dure réalité : le monde va mal avec la multiplication des tensions géopolitiques. En Europe, tous les yeux sont rivés sur l’invasion russe en Ukraine et le risque d’escalade au Proche-Orient, dans le sillage de la guerre qu’Israël mène contre le Hamas. Bien d’autres régions et zones sont touchées par des conflits armés, sans qu’ils attirent beaucoup d’attention sur le Vieux Continent.

Un de leurs points communs, c’est malheureusement que les troupes mobilisées, peu importe leur nationalité ou origine, bafouent de façon répétée les conventions de Genève. Lundi, ces traités fixant les «règles de la guerre» ont fêté leur 75e anniversaire. L’objectif des signataires était de fixer des «limites à la barbarie de la guerre». Les grands principes sont la protection des civils ainsi que du personnel sanitaire ou humanitaire. Des règles existent aussi sur le traitement digne des soldats blessés et des prisonniers de guerre. «Les actualités sur les conflits armés en cours donnent l’impression que le respect des obligations en vigueur et leur importance régressent de plus en plus», estime la Croix-Rouge suisse.

Il suffit de penser aux atrocités commises en Ukraine et dans la bande de Gaza pour illustrer ce triste constat. L’armée russe s’est rendue coupable à maintes reprises de crimes de guerre. Remémorons-nous le massacre de Boutcha. Plus récemment, le régime de Vladimir Poutine a été accusé de maltraiter des prisonniers de guerre ukrainiens. Des reproches de crimes de guerre visent aussi l’armée ukrainienne. Le gouvernement du président Zelensky affirme vouloir faire toute la lumière.

Où se trouvent les limites du tolérable dans les attaques menées par les troupes israéliennes? Samedi matin, le bombardement d’une école abritant des réfugiés palestiniens aurait fait plus de 90 morts. Selon l’armée, la frappe aurait éliminé 31 combattants. La responsabilité des mouvements palestiniens armés est certainement en cause. Mais est-ce que la présence supposée d’ennemis peut justifier une telle attaque? En tout cas, on est loin du principe de protéger en premier lieu la vie des civils.

Sans réaction plus musclée de la communauté internationale, les guerres sans limites vont devenir la règle.