Accueil | Editoriaux | Guerre des mots

Guerre des mots

«En ces temps d’insécurité, où la guerre fait rage en Europe. Où des soldats pourraient être envoyés au front pour nous défendre. Où de plus en plus de pays réfléchissent à réintroduire le service militaire obligatoire. Où notre effort collectif de défense est à la une. En ces temps, nous discutons, au Luxembourg, de la suppression d’un système d’évaluation dans l’armée !»

Ces mots, signés Yuriko Backes, ont résonné jeudi à la Chambre. On ne peut pas donner tort à la ministre de la Défense, venue fustiger le bras de fer engagé autour de l’abolition de tout système d’appréciation dans la fonction publique. La CGFP a beau marteler qu’il s’agit d’une question de principe, dans les faits, c’est bien l’armée qui risque de perdre en crédibilité face à ses alliés.

Mais on ne peut pas uniquement blâmer le syndicat de la fonction publique. L’ancien gouvernement tricolore avait-il conscience que la suppression de l’évaluation des fonctionnaires, inscrite dans l’accord salarial, risquait de mettre, de facto, fin à cette pratique dans l’armée ? Pourquoi la CGFP a-t-elle attendu le vote, l’été dernier, de la loi sur l’armée pour monter au front ?

L’ancien ministre François Bausch aurait décidé de réintroduire «en cachette» un dispositif que le syndicat souhaite maintenir sans le dénommer tel quel… De plus, c’est le Conseil d’État qui a exigé que l’outil d’appréciation existant depuis 1954, inscrit dans un règlement grand-ducal, soit coulé dans une loi. Chose faite, donc, en juillet 2023.

L’injonction des Sages a aussi été ignorée par le CSV, venu assez aveuglément plaider la cause de la CGFP, avec pour seul but de charmer la fonction publique avant les législatives. Les pirouettes pour justifier aujourd’hui sa volte-face sont hasardeuses, d’autant plus que le camp chrétien-social se dit désormais convaincu que le système d’évaluation dans l’armée est spécifique et indispensable.

La cacophonie est totale. Et une sortie de l’impasse n’est pas en vue. Le ministre de la Fonction publique, Serge Wilmes, se dit ouvert à renouer le dialogue avec la CGFP. Mais uniquement sur des dossiers qui n’ont pas trait à l’armée. La guerre des mots doit cesser pour faire place à des actes responsables par un CSV qui se retrouve aussi isolé que la CGFP. 

Un commentaire

  1. Pierre van de Berg

    Avant d’être admis au stage un candidat stagiaire doit remplir certaines conditions et (corriger moi si je me trompe) pour réussir son stage et être nommé définitivement fonctionnaire, le stagiaire est sujet à certaines évaluations.

    A mon avis cela devrait être suffisant et, à moins que les évaluateurs aient été aveugles pendant le recrutement et les 2 années de stage, l’agent « définitivement » nommé ne devrait plus devoir subir des évaluations. Dans quel but ? Quelles seraient le cas échéant, les conséquences d’une telle évaluation, à part des conséquences financières etc.?

    Est-ce que nous avons trop de candidats volontaires dans l’armée?
    Si non, j’attendrais le service militaire obligatoire pour une telle évaluation et « éliminer » seulement les candidats inaptes.

    Se pose également la question Pourquoi