Qu’aurions-nous fait à leur place? Ce virus a frappé si soudainement. C’est facile de critiquer vertement l’action politique derrière un clavier, les réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie. Essayons d’être plus constructifs. En Grande Région, force est de constater que le confinement s’est fait dans le chacun pour soi : les uns continuaient à aller au café au Grand-Duché pendant que les Belges fermaient, pendant que les Français votaient… L’Allemagne transformait les ponts de la Moselle en check-points sans avertir personne. Le Luxembourg se précipitait pour négocier avec ses voisins de conserver l’intégralité des impôts des frontaliers, désormais en télétravail illimité. Les contrôles sur papier du côté français amenaient à des scènes incroyables : des ambulanciers lorrains ne pouvaient plus faire leur plein au Grand-Duché, en pleine montée du virus !
Il faut tirer des leçons de cet échec collectif. Comment mieux envisager le déconfinement maintenant ? Sans précipitation, mais en raisonnant à l’échelle de ce qu’est vraiment notre territoire…
«Nous sommes en contacts étroits avec les autorités régionales et nationales voisines», nous explique le ministère des Affaires étrangères. Bien. Mais les écueils apparaissent déjà : aucune coordination sanitaire n’est avancée. Personne n’a d’ailleurs été capable de nous répondre sur ce point du côté français non plus. Trop loin de Paris. Chacun ira de ses capacités à distribuer des masques, ou de ses envies de déconfiner d’abord les élèves les plus grands, ou les plus petits, c’est selon. Comme si les frontières existaient ici… quel imbroglio. Et que dire des effets à plus long terme ? L’impact du télétravail sur le marché de l’immobilier par exemple. Va-t-on avoir de plus en plus de frontaliers (46 % des actifs déjà!) dans le cadre d’une facilité d’accès au marché «virtuel» de l’emploi luxembourgeois? Comment repenser notre relation aux régions voisines ? Comment se remettre en selle dans un même élan ?
Hubert Gamelon