L’artisanat est en train de subir les conséquences de l’inertie politique des vingt dernières années sur des sujets comme le logement et la mobilité. Le premier employeur du pays connaît une pénurie de main d’œuvre qui devrait s’accélérer dans les années à venir avec le départ en retraite d’environ 25% de ses effectifs.
Ce secteur, qui a déjà du mal à convaincre les plus jeunes à se diriger vers les métiers de l’artisanat, va devoir trouver des solutions très rapidement pour combler les déficits de la pyramide des âges. Le défi semble être insurmontable. Dès lors, il faut se tourner vers l’étranger. Si le Luxembourg est un pays ouvert, il a de plus en plus de mal à convaincre les frontaliers à perdre deux heures de leur vie quotidiennement dans les bouchons. Le gouvernement actuel a enclenché la vitesse supérieure pour investir massivement et à coup de milliards d’euros dans la mobilité, le rail, le tram, les transports en commun ou encore en rendant le pays plus attractif en se dotant d’un cadre réglementaire permettant aux ménages de passer du temps avec les nouveaux-nés, faut-il le rappeler, la main d’œuvre de demain.
Pour combler cette pénurie de main d’œuvre, les employeurs du pays recrutent de plus en plus loin et demandent des facilités réglementaires pour embaucher de la main d’œuvre se trouvant en dehors de l’Union Européenne. Mais quelques soit la provenance de cette main d’œuvre, il faut encore pouvoir la loger. Car si c’est pour lui infliger le même calvaire routier que les frontaliers, pas certain d’y rencontrer beaucoup de volontaires. On en revient donc toujours aux mêmes problèmes, le logement et la mobilité. Deux problèmes ignorés des politiques sous l’ère chrétien-social.
Résultat, le gouvernement actuel se démène pour assurer un avenir durable au Luxembourg tout en faisant face aux désagréments qui entraînent sa politique de construction massive. Celle-ci impacte notre quotidien et il est très facile de critiquer la situation actuelle en se plaignant des nombreux travaux, des retards des trains, du manque de logement ou encore d’un réseau routier saturé. Mais avant de critiquer, il faut peut-être prendre le temps de se rappeler que gouverner c’est prévoir et en vouloir à ceux qui n’ont rien prévu.
Jeremy Zabatta