L’évènement qui se tient depuis vendredi et qui s’achèvera ce mercredi soir à Luxexpo The Box, à savoir le salon Expogast couplé à la Coupe du monde culinaire Villeroy & Boch, a une signification et une portée certainement bien plus profondes et larges que pourrait avoir une «simple» grand-messe de la gastronomie associée à une compétition de cuisine. Car, avec 75 nations et 5 continents représentés, la manifestation, qui a lieu depuis quatre jours sur le plateau du Kirchberg, peut s’enorgueillir de servir la diplomatie internationale… sur un plateau d’argent! En effet, quoi de plus fédérateur et de pacifique que le fait de partager et d’échanger autour d’un plat typique avec un «concurrent» venu de l’autre bout de la planète?
Ceux qui ont arpenté les nombreuses allées du salon au cours des quatre derniers jours en savent quelque chose et confirmeront que ce «village planétaire», selon l’expression de l’intellectuel Marshall McLuhan («global village», en anglais), aura permis d’établir de nombreux liens, marques de respect mutuel et volonté de vivre ensemble sa passion, qui est la cuisine, sans aucun état d’esprit belliqueux.
Lorsqu’un membre de l’équipe nationale luxembourgeoise discute de glaces à l’italienne avec un membre de la «squadra» culinaire de la péninsule, cela permet inévitablement de rassembler les peuples et de relativiser au sujet de la «froideur» actuelle – presque aussi glaciale qu’un «gelato» – des relations diplomatiques entre les deux pays, depuis l’épisode Asselborn-Salvini.
Lorsqu’un cuistot de l’équipe serbe fait goûter une recette spéciale de Belgrade à un membre des équipes bosnienne, croate, slovène ou macédonienne, ce sont toutes les senteurs des délicieux mets d’ex-Yougoslavie qui vous chatouillent les narines et qui se mêlent à ce sentiment de «réconciliation», bien que les stigmates de l’Histoire sont encore souvent bien ancrés dans les mémoires.
Cela étant, bien que la politique n’a aucun droit de s’inviter dans ce genre d’évènement par définition apolitique, elle le fait parfois discrètement mais jamais sournoisement. C’est aussi cela que l’on appelle la géopolitique du goût, la «gastrodiplomatie» ou la diplomatie culinaire. Et c’est tant mieux comme ça!
Claude Damiani