En l’absence de ministres – un choix délibéré pris par l’OGBL – il est revenu, vendredi, à Marc Spautz, le chef de file du CSV à la Chambre, de tenter de désamorcer le conflit social qui oppose le camp syndical au gouvernement conservateur-libéral. «D’aucuns m’ont demandé si j’avais conscience de marcher sur du verglas en m’adressant au congrès de l’OGBL. Or, moi qui ai joué au hockey sur glace, je peux gérer cette situation», a-t-il lâché en ouverture de son intervention, honorée par des applaudissements des 600 délégués présents. En cause, le plaidoyer de l’ancien syndicaliste du LCGB pour le maintien d’un dialogue social fort et constructif, sans remettre en cause le rôle et le poids des syndicats. Son collègue de parti, le ministre Georges Mischo, aurait failli à cette mission en manquant notamment de consulter le camp syndical sur les réformes de plusieurs piliers du modèle social national.
Également invitée à s’exprimer au congrès de l’OGBL, Taina Bofferding, la présidente de fraction du LSAP, n’a pas caché que Marc Spautz serait un «meilleur» ministre du Travail que ne l’est Georges Mischo. L’ancien commissaire européen Nicolas Schmit partage cet avis. Nora Back, la présidente de l’OGBL, a remercié le député chrétien-social pour avoir trouvé des «mots forts et courageux».
De telles louanges émises par l’OGBL, mais aussi le LSAP, envers un politicien du CSV sont un nouveau moment inédit depuis que le camp syndical est entré en conflit avec le gouvernement. Le bras de fer engagé sur les conventions collectives, l’extension des heures de travail dans le commerce et la généralisation du travail dominical avait déjà mené à la constitution d’un front syndical entre les «ennemis» qu’ont longtemps été l’OGBL et le LCGB.
Le Premier ministre semble avoir compris l’urgence de calmer le jeu. Il a annoncé une table ronde sociale, limitée pour l’instant à des consultations bipartites. Donner à ce nouveau format le statut formel d’une tripartite n’est pas dans l’intention de Luc Frieden. Va-t-il changer d’avis avant le 28 juin, jour de la grande manifestation nationale des syndicats? Il est temps de renouer un vrai dialogue, sans quoi une chute sur le verglas, que Marc Spautz ne dit pas craindre, sera inévitable.