Un post tourne en boucle sur les réseaux sociaux en Lorraine : «Au Luxembourg entre l’essence qui baisse, leur SMIC qui augmente, les transports gratuits et j’en passe, c’est un énorme bras d’honneur à la France qu’ils sont en train de nous faire.» Comprenez bien : c’est une ode au Grand-Duché et une raillerie envers la France, d’ailleurs sous-titrée d’un «bravo le Luxembourg !».
On peut effectivement railler la France sur ses impôts record : «Le jour de ‘libération fiscale’ à partir duquel les Français travaillent pour eux et non plus pour les services publics arrive le 27 juillet, après tous nos voisins européens», note Le Figaro !
On peut aussi s’interroger sur ce «bravo le Luxembourg !». À l’heure où l’on se targue des mesures annoncées, on apprend que la taxe européenne sur les géants du numérique est restreinte à une assiette plus mince. «Certaines capitales (au premier rang desquelles Dublin et Luxembourg) étant bien décidées à ne pas perdre une miette du gâteau», écrit la correspondante bruxelloise du journal La Croix.
La semaine dernière, dans Alternatives économiques, on apprenait que «le Luxembourg perdrait un quart de ses recettes» si l’UE s’attaquait vraiment à l’évitement fiscal (projet Accis). Des recettes pour financer la gratuité des transports, par exemple… Sur la base du même rapport de l’Institut de recherche économique autrichien (Wifo), on apprenait que «l’Espagne y gagnerait un tiers de recettes en plus, de même que la France (15%) ou la Belgique (9%)».
Tous ces «bravo le Luxembourg !» sont lourds de contresens dans le contexte des gilets jaunes, qui désormais réclament des «états généraux» de la fiscalité. «Chaque pays a ses cadavres à la cave», avait dit une fois le député Turmes. C’est probablement la vente d’armes ou les déchets nucléaires pour la France. Pour le Luxembourg, c’est celui-ci : en se servant sur l’impôt de tous les Européens, il devient plus simple d’annoncer des réformes si plaisantes. Mais c’est servir une minorité : les employés au Grand-Duché et, parmi eux, surtout, une minorité de vrais gagnants.
Hubert Gamelon
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