Les jeunes font la fête, les vieux sortent sans masque et entre les deux âges, on s’indigne, on crie au loup ou plutôt au Covid. Sont-ils inconséquents, suicidaires ou ont-ils simplement décidé de disposer de leur vie comme ils l’entendent ? Un fumeur à qui vous demandez pourquoi il continue de fumer alors que c’est dangereux pour sa santé vous répondra qu’il faut bien mourir de quelque chose. Le problème, c’est que le Covid, comme la fumée de cigarette, flotte dans l’air et colle aux doigts. Alors oui, notre vie nous appartient, c’est notre choix individuel de nous mettre en danger, mais faut-il pour cela entraîner nos proches ou de parfaits inconnus avec nous dans notre prise de risque ? La liberté des uns s’arrête où commence celle des autres. On dirait mon ancienne professeure de philo tout en tartan, perles et pull crocheté qui parle !
D’ailleurs, comment aurions-nous réagi si le Covid nous était tombé dessus l’année du bac, de notre dernière année de master, à la veille de partir en Erasmus ou en plein Erasmus ? Aurions-nous sagement attendu qu’on nous donne l’autorisation de décompresser ou l’aurions-nous prise nous-mêmes poussés par des rebelles sans cause ? La réponse est individuelle. Le fait est que les jeunes, à moins d’être très bêtes, «flippent grave» (si cela se dit encore) face aux conséquences du virus : l’absence de liberté et le poids de la solitude, sans compter les conséquences de la crise économique que certains ressentent déjà. Certes, les dégâts pourront sans doute être limités si tout le monde se tient aux règles de manière disciplinée en pensant à la collectivité avant de penser à soi.
Depuis quand est-on sérieux à 17 ans ? Il faut que jeunesse se passe. Mais entre un avenir de plus en plus incertain et la peur de contaminer ses proches, la jeunesse a pris un coup de vieux. Trop de pression, c’est l’accident. L’écart de conduite qui, espérons-le, ne mettra pas la société tout entière sur la voie d’une deuxième vague.
Sophie Kieffer