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Frontière : stop aux populismes

Comme pour chaque article que nous publions sur le thème des rétrocessions fiscales entre le Luxembourg et la Lorraine, Facebook se transforme en défouloir contre la France. Souvent du fait de nos lecteurs français eux-mêmes. Un réflexe contre l’idée (fausse) de mendier.

Abordons la question de façon dépassionnée. Le fait que le ministre français des Affaires étrangères s’empare du dossier a plus à voir avec un travail technique réalisé par des acteurs de la Grande Région qu’avec des débats très politisés à la frontière.

Au Luxembourg aussi, des spécialistes étudient les rétrocessions fiscales avec attention (la Fondation Idea notamment). Ce n’est pas par âme charitable envers la Lorraine. C’est en partant du constat que Luxembourg et Lorraine sont dans le même bateau économique (Luxembourg : les frontaliers lorrains représentent un quart des actifs; Lorraine : la dépendance que l’on connaît au travail frontalier). Et à partir du constat que l’absence de retour, même infime (3%, 4%), d’une partie de l’impôt sur le revenu payé par les frontaliers compromet gravement le développement de la Lorraine et menace ainsi le dynamisme du Luxembourg.

Les populismes que l’on excite sur le sujet sont terribles, d’un côté comme de l’autre. Cela n’incite pas les responsables politiques à se saisir du dossier, par peur de la sanction des urnes (côté lorrain : «on ne va quand même pas mendier !»; côté luxembourgeois : «on donne déjà du boulot aux Fransousen !»). Alors qu’à tous les niveaux – transport, logement, dynamique des entreprises – les blocages deviennent explosifs.

Maintenant, si l’on veut raconter des craques aux gens et leur dire que c’est avec les petits budgets des communes lorraines (6 millions d’investissement annuel à Longwy… 25 millions à Pétange à quelques kilomètres) que l’on va réussir la métropolisation du Luxembourg, bon courage. Il y aura un mur à un moment donné, et il n’y aura que des perdants.

Hubert Gamelon