Le seul fait que l’eurodéputé Christophe Hansen, désigné commissaire du Luxembourg, ait été obligé de participer au vote illustre la nervosité qui a prévalu, mercredi, au Parlement européen. En fin de compte, l’exécutif européen, présidé une deuxième fois par Ursula von der Leyen, est soutenu par une courte majorité de 370 eurodéputés (282 voix contre, 36 abstentions). Avec 51 %, il s’agit d’un des plus faibles scores jamais enregistrés par une Commission. L’équipe von der Leyen I avait encore été adoubée par 65 % des eurodéputés en 2019. La Commission Juncker (61 % en 2014), les Commissions Barroso (70 % en 2010, 72 % en 2004), la Commission Prodi (87 % en 1999) et aussi la Commission Santer (72 % en 1995) ont pu compter sur un plus large soutien du Parlement européen.
Il se confirme donc que le mandat 2024-2029 de la Commission européenne ne sera pas de tout repos. Tout d’abord en raison des énormes défis qui se posent à l’UE. Ursula von der Leyen n’a pas manqué de le souligner mercredi : «Notre liberté et notre souveraineté dépendent plus que jamais de notre puissance économique.» Au renforcement de la compétitivité s’ajoute l’urgence d’augmenter de manière considérable la capacité de défense. La lutte contre le changement climatique et la transition numérique ne doivent également pas être négligées.
Vu la fragmentation du Parlement, il s’avère difficile de former l’unité dont l’Europe a plus que jamais besoin. Même si l’hémicycle possède des pouvoirs limités, une majorité devra approuver les projets majeurs soumis par la Commission. Ursula von der Leyen et son équipe ont donc tout intérêt à renouer une relation de confiance avec les fractions du centre gauche, très réticentes devant la composition de la Commission. Il s’agit en priorité des sociaux-démocrates, mais aussi des Verts, qui restent vent debout contre le vice-président Raffaele Fitto, issu de l’extrême droite. Le Parti populaire européen (centre droit) se voit aussi reprocher des ambiguïtés avec cette même extrême droite.
La nouvelle Commission semble donc être fragilisée dès le départ. Une fragilité qui risque de gagner l’Union européenne dans son ensemble. Les États-Unis de Trump, la Chine et la Russie n’hésiteront pas à exploiter cette faiblesse.