« Pourriture… » Le tweet de l’écologiste française Cécile Duflot, tenant en un mot, a beau être ordurier, il est peut-être encore trop optimiste. La pourriture s’attaque aux corps organiques, or on peut se demander ce qui rattache encore Donald Trump au monde naturel. Cultivé en hors-sol depuis son enfance dorée, traité aux pesticides de la téléréalité, artificiel des pieds jusqu’à la moumoute, il est désormais mûr pour rejoindre les musées, au rayon fossiles. Sûr qu’il s’y sentira bien, vu son amour des énergies du même nom.
À quel monde appartient Donald Trump? À l’ancien, indubitablement. Celui de l’or noir, du gaspillage, de la consommation à outrance, sûr que les ressources terrestres sont exploitables à l’infini. Mais dans le monde du XXI e siècle, rares sont les aveugles qui croient encore que la mer et les forêts sont trop vastes pour connaître la pénurie, et que l’activité humaine n’impacte pas le climat et l’environnement… Sauf ceux qui ne veulent pas voir.
Jeudi soir, 194 pays ont regardé, consternés, les États-Unis se retirer de l’accord de Paris sur le climat, tout en demandant de négocier un nouvel accord. Non content de quitter le navire, Trump a le culot de demander à l’équipage resté à bord de changer de cap.
Le retrait de son pays n’aura «pas beaucoup d’impact» sur le climat, argue-t-il. Les États-Unis sont le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre derrière la Chine!
Ne soyons pas naïfs : l’engouement mondial lors de la COP21 a été plus pragmatique qu’altruiste. Les nations ne se soucient pas tant de l’environnement que de la facture salée des chaleurs de Mère Nature. Mais même l’argument économique ne semble pas avoir de prise sur Trump, alors que la Chine va conforter son leadership du virage vert, que les sanctions internationales vont pleuvoir, et que le risque de «USexit» va grimper de plusieurs degrés, des États comme la Californie étant au bord de la sécession!
Reste à savoir si cette fuite des États-Unis va délester le navire ou ouvrir une brèche… Une chose est sûre, on ne peut pas se réjouir du cauchemar américain.
Romain Van Dyck