Culotté. Le nouveau parti luxembourgeois, baptisé Fokus et construit autour de Frank Engel, président du CSV chassé par les siens, ambitionne dès son premier jour d’existence d’intégrer le prochain gouvernement. Rien que ça. Simple coup de communication ou réelle aspiration?
Il est bien trop tôt pour le dire. À part le nom, une vingtaine de membres et quelques idées vagues, le dernier-né de la sphère politique du Grand-Duché n’a pas encore grand-chose à faire valoir. Le risque de mettre la charrue avant les bœufs est réel, d’autant plus si l’on sait le poids que Frank Engel va avoir dans ce nouveau parti. «Ce n’est pas un one-man-show», clame pourtant le président désigné Marc Ruppert, l’ancien secrétaire général du DP. Dans les rangs de Fokus se trouve aussi Gary Kneip, un autre ancien du DP. Luc Majerus a tourné le dos à déi gréng. En attendant d’anciens alliés chrétiens-sociaux de Frank Engel?
Fokus veut se situer dans un «centre raisonnable» et cherche à se faire une place sur un échiquier politique proche de la saturation. Il devient en effet de plus en plus compliqué de différencier les partis entre eux. Les étiquettes «droite», «gauche», «libéral», «vert» ou «conservateur» n’ont plus la même valeur que par le passé. Avec le logement, la mobilité, l’éducation, les finances, l’État de droit et l’environnement, Fokus défend en outre les mêmes priorités que les partis siégeant actuellement à la Chambre : DP, LSAP, déi gréng, CSV, ADR, déi Lénk et Pirates.
Si le parti emmené par le duo Engel-Ruppert veut réussir, il devra se montrer très créatif et incisif dans des thématiques (trop) souvent cadenassées par les intérêts économiques du pays. Un autre obstacle sera le système électoral, malheureusement axé davantage sur les têtes que sur les contenus. Il existe toutefois une quasi-certitude, à 18 mois des législatives d’octobre 2023 : si Fokus décroche des sièges, l’éclatement de l’échiquier politique va encore s’accentuer. Alors que des coalitions à deux partis semblent appartenir au passé, les faiseurs de roi pourraient émerger des plus petits partis. Le culot de Fokus serait-il donc justifié? En tout cas, l’ADR semble déjà se sentir menacé. Une première attaque frontale a été menée, hier, par voie de communiqué.
À première vue, ce parti ressemble un peu aux Pirates… sans le numérique! Alors pourquoi voter pour une copie si l’original est mieux?