Alors que le procès sur l’affaire du SREL commence à faire de plus en plus de bruit dans la presse internationale, mettant au passage très mal à l’aise l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker (CSV), le Grand-Duché vient de vivre un mois de janvier riche en coups bas, bien trop souvent hasardeux, pour ne pas écrire très peu fondés. Bref : la campagne pour les législatives du 14 octobre est déjà pleinement lancée et la nervosité est palpable.
Le gouvernement sortant dirigé par Xavier Bettel (DP) affiche un bilan solide, comme on l’a déjà écrit à plusieurs reprises dans ces colonnes. Objectivement, les chiffres sont bons, mais la pauvreté augmente et le logement reste hors de prix. Il existe donc bien encore des défis à relever. La coalition sortante a cependant posé dans bien des domaines une base solide, que les gouvernements successifs depuis au moins 30 ans ont omis de bâtir. Pour poursuivre dans cette voie, il faudra afficher la même politique progressiste que celle développée – parfois avec trop de précipitation – par le DP, le LSAP et déi gréng. Si le CSV revient au pouvoir en octobre, il faudra que Claude Wiseler et tous les autres «seniors» du camp conservateur affichent cette même volonté d’aller de l’avant. Mais pour l’instant, le contraire est à craindre. Les listes électorales déjà dévoilées ne comprennent en effet en grande majorité que les anciennes gloires et la bataille interne pour se répartir les hypothétiques ministères bat déjà son plein.
La majorité sortante possède donc bien des chances pour renverser la tendance hostile à son égard, mais le souci est que les trois partis formant le gouvernement se prennent les pieds dans le tapis en tentant de retrouver leurs profils respectifs. Les divergences au sein du Conseil de gouvernement sont avérées, mais la coalition n’est pas «finie», contrairement à ce que clame sans cesse Claude Wiseler.
Tirer maintenant à boulets rouges les uns contre les autres n’est cependant pas la solution. Le Premier ministre s’est même vu obligé, vendredi, de siffler la fin de la récréation. Les trois partis auraient pourtant tout intérêt à défendre leur bilan ensemble, tout en développant leurs propres idées pour la législature à venir. Sans quoi, une victoire écrasante du CSV deviendrait réalité au soir du 14 octobre…
David Marques