L’introduction du Covid Check sur le lieu de travail semble vouée à l’échec. Un énorme imbroglio entoure ce qui au départ devait être une mesure sanitaire. L’objectif initial était de profiter du régime «TGV» (testé, guéri, vacciné) pour faire tomber le masque et les autres restrictions anticovid dans les bureaux, sur le chantier ou le long d’une ligne de production.
Le patronat s’est rapidement dit en faveur de cet outil. Le camp syndical était dès le départ plus sceptique, sans toutefois y être complètement opposé. À peine quelques semaines plus tard, le blocage est total. Gouvernement, patronat et syndicats sont engagés dans un bras de fer qui s’est transformé en dialogue de sourds.
Comment en est-on arrivé là? Au départ, le gouvernement avait pris la décision de trancher une question très complexe avec une formulation on ne peut plus banale dans la nouvelle loi Covid. Deux petites phrases renvoient la balle dans le camp du patronat et des travailleurs, appelés à écarter les obstacles légaux. Si l’employeur est bien obligé d’assurer la sécurité et la santé des salariés, il se doit aussi de respecter le droit à la vie privée du salarié. L’obligation d’être vacciné, guéri ou testé est-elle donc bien compatible avec les principes du code du travail? Il semble acquis que des juges auront le dernier mot.
Les syndicats reprochent au gouvernement de ne pas assumer ses responsabilités, d’autant plus que le Covid Check renforcé vise, par ricochet, à augmenter la couverture vaccinale. Une forme de chantage est reprochée aux responsables politiques. Ce même genre de chantage est toutefois aussi exercé par le camp syndical, qui menace de couper tous les ponts pour obtenir des concessions. Le spectre des licenciements, mettant en danger le sort des travailleurs les plus récalcitrants, est avancé pour justifier ce discours. Mais de telles dérives sont-elles à prévoir? Si oui, ce n’est pas le Covid Check qui va encourager un patron à sévir ou l’en empêcher.
Ce matin se pose donc la question de savoir si tout cela mérite une telle escalade? La concertation sociale, essence même du modèle tripartite, est mise en péril, et ce, au plus mauvais moment. Il reste à espérer que le fiasco sanitaire qui s’annonce ne se transformera pas en fiasco social.
David Marques