Les uns tentent de gagner des voix en dénigrant les «méchants» migrants qui envahiraient de manière incontrôlée le Vieux Continent uniquement pour venir «profiter» de nos systèmes de sécurité sociale plus avantageux. Les autres martèlent que l’«idéologie aveugle» des partis écologistes nuit davantage aux gens et aux entreprises qu’elle ne permet de sauver la planète.
Le fait que ces messages accrochent est problématique et hautement toxique pour le projet européen. Si le plébiscite des partis populistes et d’extrême droite se concrétise au soir du 9 juin, ces formations pourront, dans leur grande majorité, mettre en œuvre leur intention de détruire l’UE depuis l’intérieur. Au Parlement européen, il faut espérer que les conservateurs du centre droit, les sociaux-démocrates, les libéraux et les Verts parviendront à faire barrage, en unissant leurs forces, pour faire primer l’intérêt d’une Europe forte et unie au-dessus de leurs ambitions plus personnelles.
Cet appel vaut plus particulièrement pour le Parti populaire européen (PPE) de la présidente sortante de la Commission européenne. En tant que tête de liste de la famille politique du CSV, Ursula von der Leyen hésite à fermer la porte à une coopération avec le groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE), qui compte dans ses rangs des formations populistes et d’extrême droite. Elle a entretemps tenté de rectifier le tir, mais le doute persiste, d’autant plus que le PPE a inscrit dans son manifeste le «modèle Rwanda», soit l’externalisation des demandes d’asile vers des pays tiers jugés sûrs. L’opposition formelle du CSV risque de peser très peu.
Mais, au lieu de flirter avec les positions des partis d’extrême droite, le PPE, tout comme les autres formations progressistes, devrait davantage se concentrer sur les vraies préoccupations des citoyens. Selon le dernier sondage Eurobaromètre, la migration et l’asile n’arrivent qu’en 7e position, loin derrière la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, qui est placée en tête des préoccupations par 41 % des citoyens luxembourgeois et 33 % des citoyens de l’UE dans son ensemble. Il vaudrait mieux s’attaquer aux racines des maux qui poussent les gens dans les bras des formations extrémistes.