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Faire la part des choses

La rhétorique des partis extrémistes reste majoritairement appuyée sur des arguments simplistes et la volonté de faire peur aux gens. Malheureusement, la faiblesse et le manque de réactivité des acteurs politiques établis laissent le champ libre à ces mouvances qui continuent de fêter des succès inquiétants lors de scrutins organisés en Europe.

Souvent, il ne faut néanmoins pas aller chercher trop loin pour lever le voile sur les arguments des acteurs majeurs des tendances extrémistes et xénophobes. Ces jours-ci, l’Allemagne fait ainsi face à une polémique déclenchée par une section régionale du mouvement islamophobe Pegida. Le producteur de barres chocolatées Kinder a, en vue de l’Euro-2016, remplacé sur ses emballages la photo traditionnelle d’un enfant aux cheveux blonds par des photos d’enfants de Jérôme Boateng et Ilkay Gündogan, deux membres de l’équipe nationale de football issus de l’immigration. Le premier est d’origine ghanéenne, le deuxième, d’origine turque.

Sur les réseaux sociaux, cette action a suscité un tollé auprès des membres de Pegida. Croyant à une «mauvaise blague», ils sont nombreux à évoquer une «Allemagne qui perd toutes ses valeurs». Parmi ceux qui ont rédigé ces critiques aveugles, ils sont cependant certainement nombreux à avoir fêté en 2014 le titre de champion du monde remporté par l’Allemagne. Sur la pelouse se trouvaient de nombreux joueurs issus de l’immigration, qui, pour la plupart nés outre-Moselle, symbolisent une intégration réussie. Le dilemme pour ces personnes est certainement important, d’autant plus que les mêmes joueurs seront une nouvelle fois portés par tout un pays lors de l’Euro-2016 qui approche à grands pas.

La (fausse) vérité d’un jour n’est donc plus forcément valable le lendemain. Dans tout ce débat empoisonné sur une possible menace de nos sociétés par les immigrés, il est grand temps de faire la part des choses. Pour y parvenir, un esprit suffisamment critique est le plus simple remède.

David Marques (dmarques@lequotidien.lu)