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Fage : la Fedil fait fausse route

La voix de l’industrie luxembourgeoise (Fedil) fait fausse route en désignant Carole Dieschbourg, la ministre de l’Environnement, comme la seule responsable du fiasco Fage. La seule et unique responsable est la société Fage elle-même. Si, dès le début, le groupe grec avait présenté un projet sans ambiguïté avec des réponses solides aux interrogations soulevées par les communes de Bettembourg et Dudelange, le projet Fage aurait été mené à son terme. Car comme l’a rappelé Xavier Bettel, la décision de ne pas s’implanter au Luxembourg est la décision unilatérale du groupe Fage et non d’un quelconque ministère. Si le groupe grec a décidé, à la surprise générale, de jeter l’éponge, c’est aussi parce qu’il a renoncé à s’impliquer davantage dans la réduction de son impact environnemental, sans doute pour des raisons de coût.
Le Luxembourg a besoin d’une industrie, mais l’industrie doit évoluer. Si l’industrie peut créer des emplois, elle peut aussi créer des dégâts sur l’environnement ou la santé des habitants et des travailleurs. Des dégâts qui seront à la charge de l’État et donc des contribuables. Malheureusement, les exemples sont trop nombreux où des industriels ont volontairement ou involontairement détruit ou pollué l’environnement, le tout au nom de la rentabilité au profit des actionnaires.
On demande aux citoyens d’être plus vertueux et de changer leurs habitudes pour relever le défi climatique. Le consommateur est en train de faire des efforts, notamment au niveau du portefeuille, pour consommer mieux et soutenir la production et les commerces locaux. Il serait de bon goût que les industriels défendent des projets propres, plus vertueux et véritablement innovants.
De plus, si les faits sont avérés, il est étrange de prendre la défense d’un industriel s’implantant au Luxembourg et montant «des structures douteuses et des emplois fictifs» pour reprendre les mots de Laurent Mosar.
Un industriel voulant s’établir au Luxembourg doit aussi s’inscrire dans une démarche solidaire en acceptant de payer des impôts afin de participer à la bonne marche de la société et non pas se cacher derrière la création de quelques emplois pour profiter des largesses fiscales du pays.

Jéremy Zabatta