Accueil | Editoriaux | Face à l’hydre

Face à l’hydre

La fusillade qui s’est déroulée samedi a traumatisé la petite commune lorraine de Villerupt. Cinq personnes ont été blessées, dont un jeune Luxembourgeois de 17 ans gravement atteint. Tout cela aux portes du Grand-Duché. Le tireur est aujourd’hui en cellule et attend de passer devant un juge d’instruction, mais ce fait divers a jeté une lumière froide sur les trafics de drogue qui empoisonnent certains quartiers des villes françaises. Et, ici, nous ne parlons pas de grandes agglomérations, mais de ces petites villes qui sont confrontées à une violence inouïe et inconnue jusqu’alors.

Le fléau des trafics ne touche pas que la France, et le Grand-Duché a également son lot de zones à problème. Mais chez nos voisins, la violence est montée d’un cran depuis quelques mois. Une digue semble avoir lâché. Les efforts pour stopper cette fuite en avant ne paraissent plus avoir d’impact. Maintenant, les autorités françaises sont au pied du mur. On tire dans les rues du pays et ce ne sont pas que les trafiquants qui reçoivent ces balles.

Si, à Villerupt, il semblerait que la fusillade ait eu lieu sur fond de vengeance, l’enquête le confirmera ou non, dans d’autres communes ces attaques sont souvent liées à des conflits pour mettre la main sur un lieu de vente ou pour éliminer la concurrence. En France, au milieu de ces «conflits commerciaux», les habitants tentent de vivre et d’élever leurs enfants sans qu’une fusillade ne vienne faucher leur vie ou qu’une mauvaise rencontre ne vienne briser leur avenir. Quelle méthode utiliser pour éviter ce cycle destructeur, cette gangrène qui transforme des zones autrefois paisibles en espaces d’insécurité où le pire peut arriver à tout moment? Le trafic de drogue est une hydre. Il faut sans cesse la combattre avec tous les moyens disponibles : police, justice, prévention, action locale, urbanisme, associations… il faut tous les bras disponibles. Et surtout, il ne faut jamais abandonner le combat, même si les têtes de la bête repoussent. Il suffit de baisser la garde un court instant pour voir un drame se dérouler sous nos yeux. Comme c’est arrivé samedi à Villerupt.