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Examen de rattrapage

Le poste de ministre de l’Éducation nationale fait partie des mandats les plus ingrats à occuper dans un gouvernement. Il suffit de se rappeler d’Anne Brasseur (1999-2004) ou Mady Delvaux-Stehres (2004-2013), qui ont toutes les deux eu le plus grand mal à mettre en œuvre leurs priorités. Le «retour aux fondamentaux» prôné par la ministre libérale a tout autant été décrié que la réforme en profondeur de l’enseignement primaire lancée en 2009 par la ministre socialiste.

Claude Meisch, qui a pris la relève fin 2013, ne fait pas exception à la règle. Son premier mandat était fait de réformes et de conflits sociaux. Le deuxième aurait dû être celui de la consolidation et de la réconciliation. Jusqu’à présent, ce double objectif n’est pas atteint. Pire, la crise sanitaire n’est venue qu’accentuer les sévères critiques émanant du terrain. On a déjà évoqué dans ces colonnes un dialogue de sourds. Une communication constructive n’a pas pu être rétablie depuis la rentrée de septembre, du moins si l’on se réfère à la vague d’indignation émanant des syndicats d’enseignants et du secteur éducatif et social. Concept sanitaire défaillant ou inexistant, obstination déraisonnable, absence de dialogue, blocages à tous les niveaux et désormais volonté de privatiser l’enseignement et atteinte à la liberté de la presse. La liste des accusations est longue.

Au vu de ces accusations, doit-on remettre en question la volonté de Claude Meisch de travailler dans l’intérêt des enfants et adolescents? Même les plus farouches opposants du ministre n’ont pas encore fait ce pas. Il a toutefois tendance à se compliquer la vie en clamant maladroitement que des infections au Covid-19 dans le milieu scolaire sont exclues, tout en s’attaquant à une interprétation des chiffres réalisée par nos confrères du Wort. La préparation en cachette du recrutement de directeurs de lycée dans le privé en est un autre exemple.

Le discours qu’il a tenu mardi au moment de présenter le concept de la rentrée décalée de janvier était empreint d’une plus grande humilité. Claude Meisch doit poursuivre dans cette voie afin de non seulement réussir son examen de rattrapage, mais aussi de concrétiser son objectif d’«offrir à la génération Covid les mêmes chances d’avenir qu’à ses aînés».

David Marques