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Et tu tapes, tapes, tapes…

Les ténors politiques, en vacances depuis ce week-end, laissent derrière eux un sacré champ de bataille. Six mois nous séparent pourtant encore du jour J. Mais la campagne préélectorale aura battu tous les records officieux depuis janvier. Le DP est le dernier à être entré dans ce jeu, même s’il dit ne pas encore être en «campagne». Cela n’a pas empêché le ministre libéral des Finances, Pierre Gramegna, d’annoncer de nouvelles baisses d’impôts en pleine tempête des LuxFiles.

Le ministre socialiste de l’Économie, Étienne Schneider, reste lui en conflit ouvert avec la ministre écolo de l’Environnement, Carole Dieschbourg, dans le triste sirtaki dansé autour de la construction d’une fabrique à yaourts grecs. «Soit on veut des boîtes aux lettres, soit de la substance avec une industrie saine», résume le vice-Premier ministre de plus en plus vexé par l’attitude de déi gréng mais aussi des partis de l’opposition.

Sur le fond, il n’a pas tort. Sur la forme, la querelle ministérielle ne dégage pas une image positive du Luxembourg, dans l’optique d’attirer des investisseurs étrangers, qui ne visent pas uniquement des boîtes aux lettres fiscales. Le Premier ministre libéral, Xavier Bettel, a été obligé d’admettre les possibles effets néfastes de ce bras de fer, samedi sur les ondes de RTL. Mais son DP s’est lui aussi mis du jour au lendemain à taper sur les verts. Comment interpréter l’attaque frontale menée par le secrétaire général, Claude Lamberty ? Simple mobilisation des troupes ? Ou tout de même un rappel à l’ordre adressé au partenaire de coalition, qui sera probablement le faiseur de roi au soir des législatives ?

En tout cas, chacun tape pour le moment sur l’autre, au point qu’on a du mal à imaginer une nouvelle coalition, quelle que soit sa couleur. La majorité sortante a pourtant un bilan à défendre face au CSV, qui peine à développer des véritables alternatives. Ce qui a été avancé jusqu’à présent repose soit sur des concepts déjà défendus par le gouvernement sortant, soit sur un esprit rétrograde. Les choses vont-elles changer après ce rude hiver ? Le débat politique ne pourrait qu’en sortir gagnant.

David Marques