Le système des coalitions est souvent présenté comme la quintessence de la démocratie : l’art d’élever la politique au niveau des grands enjeux, l’art de rechercher la convergence au-delà des partis. Même le voisin français, qui n’aime pas trop que l’on mette de l’eau dans son vin, perçoit les systèmes luxembourgeois et allemand comme aboutis. Avec cette sentence éternelle : «eux au moins, ils arrivent à s’entendre».
En réalité, le système des coalitions est loin d’être parfait. On le voit bien en cette période des communales. Avant les élections, la future coalition est déjà dans tous les esprits. Dans l’espoir d’une place au conseil, chaque parti retient les coups pour ne pas froisser l’adversaire. Le débat démocratique en ressort gommé de ses aspérités… de tout ce qui mériterait d’être dit. C’était typiquement le cas des verts en Ville, qui n’ont jamais cherché à analyser certaines décisions du DP durant la campagne. Résultat aujourd’hui : ils ne sont même pas sûrs d’être repris par le DP, et ils n’auront pas pu se faire entendre pleinement durant les débats. Après les élections, le jeu des coalitions continue de fausser la démocratie. Alors que les électeurs se sont exprimés, le choix numéro un peut se retrouver barré par une coalition de perdants. C’est un temps ce qui a été imaginé par les observateurs à Esch-sur-Alzette, et que refuse déi Lénk presque par éthique, quitte à laisser filer le CSV vers le pouvoir.
Dernière difficulté, et non des moindres : certaines coalitions se résument à une addition mathématique, alors que l’on devrait parler d’addition d’idées avant tout! À Pétange, par exemple, les pirates réalisent leur meilleur score dans le pays (deux sièges), et trouveraient logique d’être pris par le CSV en coalition. Malgré des idées radicalement différentes et une campagne très offensive envers ce dernier. Mathématiquement, c’est vrai, leurs deux sièges additionnés aux huit sièges de l’équipe de Pierre Mellina donnent une majorité. Mais est-ce bien cohérent? Et l’électeur pétangeois moyen se sent-il vraiment un cœur de pirate? Pas si sûr…
Hubert Gamelon