On prend (presque) les mêmes et on recommence… Hier, l’armée américaine a lancé de grandes manœuvres avec ses alliés de l’OTAN du côté de la Pologne et des pays baltes (lire également en page 13). Le nom de l’opération? Saber Strike (Coup de sabre). Il s’agit pour l’armée US de rassurer ses alliés de l’Alliance les plus à l’est… et les plus proches de la Russie. Ne soyez pas surpris. À la fin de l’année dernière, les Russes ont eu aussi l’occasion de s’amuser lors de grandes manœuvres en septembre lors du grand exercice militaire annuel Zapad. Du Grand Nord à la Baltique en passant par la frontière ouest de la Russie (et donc la frontière est de l’OTAN) et jusqu’à la mer Noire, Moscou a mis en œuvre son large arsenal. Pour certains observateurs, dont le chef estonien de la défense, Riho Terras, ces exercices n’ont pas simulé des opérations de défense… mais plutôt une attaque à grande échelle des pays de l’OTAN!
Est-il l’heure de construire son abri antiatomique dans son jardin comme au bon vieux temps de la guerre froide? Les plus jeunes n’ont pas connu cette période et, pourtant, l’ambiance en Europe était tellement «pittoresque» il y a quelques décennies. Vous aviez des bases militaires un peu partout chez nos amis allemands : à l’Ouest les Américains, Français, Canadiens, Anglais… et à l’Est les Russes avec leurs camarades du pacte de Varsovie (oui, la Pologne encore, mais qui était dans l’autre camp à l’époque). Les parkings souterrains étaient des abris antiatomiques et les missiles fleurissaient sur tout le continent. Ils pointaient pour certains vers l’est et pour d’autres vers l’ouest… Au milieu de ces armes, juste quelques millions d’Européens qui se demandaient à cause de quel motif leur continent allait être détruit. Serait-ce à cause d’un mot de trop d’un dirigeant russe ou américain? D’un malentendu sur une ligne de démarcation perdue au fin fond de l’Europe centrale? D’une simple erreur de vol d’un chasseur-bombardier? Oui, à l’époque, lors de la guerre froide, les Européens devaient avoir des nerfs d’acier. La nouvelle génération risque bientôt de vivre la même chose.
Laurent Duraisin