La polémique se poursuivait, hier, chez nos voisins français, concernant les propos de l’eurodéputée lorraine Nadine Morano dans une émission de télévision. Il ne s’agit pas ici de tirer sur une ambulance, la principale intéressée le fait déjà assez bien elle-même. Employer les termes de «race blanche» en France en 2015, avec toutes les connotations historiques et racistes que véhiculent ces mots, relève de l’inconséquence. Pour aider Nadine, disons qu’elle a voulu dire que la France est un pays où la population est majoritairement blanche et de culture judéo-chrétienne, ce qui n’est pas forcément faux. Mais le problème n’est pas là. Comme beaucoup d’hommes et de femmes politiques – et beaucoup de médias – Morano tombe dans les travers de l’essentialisation.
Essentialiser, c’est réduire un individu à une seule de ses dimensions. Ainsi, un Français est blanc. Il n’est pas de gauche, de droite, râleur et/ou fier, il est blanc. Ce qui, avouons-le, est tout de même un peu court. Mais cette propension à essentialiser des individus dans le débat public vaut surtout pour la catégorie «musulmans». Les politiques ou certains intellectuels médiatiques, à l’image de Michel Onfray, nous parlent en effet des «musulmans» ou de la «communauté musulmane» comme d’un ensemble homogène. Un peu comme si tous les hommes et les femmes de culture musulmane étaient interchangeables, qu’ils avaient tous les mêmes opinions, la même façon de penser. C’est oublier un peu vite qu’un Français, par exemple, n’est pas que «catholique», que «musulman», ou uniquement «athée». Il est en même temps un père, un fils, un ingénieur, un chômeur, un passionné de musique, un fan de foot…
L’être humain est trop complexe pour être réduit à un seul qualificatif. Et qui plus est, l’essentialisation crée un phénomène dangereux qui pousse les individus à se définir eux-mêmes selon la catégorie dans laquelle on veut les faire entrer. Au lieu de rassembler les citoyens sur ce qu’ils peuvent avoir en commun, l’essentialisation ne fait qu’exacerber des différences bien souvent montées en épingle à des fins électorales.
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)
Enfin une bonne définition et explication claire d’un terme qu’on entend à droite à gauche… sans être certain que ceux qui le « balancent » à tout-va en connaissent bien le sens.
Bonjour super article, « si tu diffères de moi loin de me léser tu m’enrichis ».