Accueil | Editoriaux | Esprit de résistance

Esprit de résistance

Le Luxembourg a commémoré ce week-end le début de la Grande Grève de 1942. Le mouvement de contestation, par son ampleur et la féroce répression qui a suivi, fait figure d’exemple dans l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Un exemple qui ne doit pas rester dans les livres d’histoire, mais que nous devons inscrire dans notre monde contemporain.

Le 31 août 1942, un peuple a défié l’autorité des occupants qui pensaient le Grand-Duché totalement intégré dans ce Reich honni. Non, le Gauleiter Simon et sa clique ont constaté que ce ne serait jamais le cas malgré les discours grandiloquents et ceux qui collaboraient pour servir la cause nazie.

Le pays s’est levé en une journée et a défié le pouvoir dictatorial qui l’oppressait et qui l’obligeait à gober une propagande nauséabonde pour le convaincre de la nécessité de ce massacre européen qui a débuté en 1933, en Allemagne, et s’est poursuivi dès 1939 sur le reste du continent.

Le Luxembourg refusait d’envoyer ses jeunes se battre sous l’uniforme nazi. Les ouvriers ont quitté leurs ateliers, les métallurgistes leurs usines, les mineurs leurs galeries, les fonctionnaires ont cessé de travailler, les instituteurs ont posé leur craie sur leur bureau, les postiers n’ont pas voulu faire leur tournée…

Ce fut un grand choc pour l’occupant qui pensait avoir maté toute velléité de résistance. Il s’est lourdement trompé. Dans la foulée, la répression s’est mise en place. Une vague d’exécutions sommaires a endeuillé les familles de ces résistants. Des déportations se sont multipliées pour punir ceux qui avaient eu l’audace de contester l’autorité. Cet acte de courage n’a pas évité les enrôlements forcés, mais il a marqué les esprits chez les nazis, qui ont compris que la population refusait d’être acquise à leur cause, quelles que soient les mesures coercitives employées.

En Europe aussi, le mouvement a alors fait figure d’exemple et a redonné l’espoir pour tous ceux qui étaient sous le joug de l’occupant aidé de leurs supplétifs locaux. Nos démocraties doivent s’en souvenir, à l’heure où les bruits de bottes se multiplient, où les frontières ne sont plus que des vues de l’esprit, où les autoritarismes ressurgissent et redeviennent, pour certains de nos politiques, fréquentables.