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Entre les lignes

L’échéance sera cruciale dans les urnes, le 9 juin. Le verdict dictera l’avenir de quelque 448 millions de personnes. Leur redonnera de l’espoir, ou enterrera leurs aspirations. Le Parlement européen tente de prouver son utilité bien souvent contestée. Tout autant que sa légitimité. Tous les députés n’occupent pas un emploi fictif à Strasbourg. Et ceux qui travaillent vraiment sont parfois capables de le faire en bonne intelligence. La semaine passée, les élus ont adopté toute une série de mesures promettant des avancées sociétales et favorables à la protection de la planète. Sur le papier, les choses vont donc dans le bon sens. Mais dans le contrat social rédigé depuis Bruxelles, il faut toujours lire entre les lignes.

Ainsi, l’UE se dote enfin de sa première loi contre les violences faites aux femmes. Il y a de quoi applaudir des deux mains. Avant de prendre une gifle. Le texte final exclut en effet le viol, faute d’accord préalable entre les États membres sur une définition commune. Sur la question du devoir de vigilance des entreprises, la directive les obligera à prévenir les violations des droits humains et à l’environnement, et à y remédier. Ceci dans toutes leurs chaînes de valeur, partout dans le monde. Oui, mais non. Après avoir échoué à obtenir la majorité requise, les Vingt-Sept avaient entériné la dernière version au prix d’un champ d’application nettement limité. Pour ne pas dire totalement vidé de sa substance, puisque ne seront plus ciblées que les entreprises de plus d’un millier d’employés.

Prenons également le cas des travailleurs des plateformes. Les livreurs Uber ou Deliveroo seront désormais reconnus comme des salariés à part entière en cas de «présomption légale» d’un tel statut. C’est aussi flou que cela dépend des réglementations nationales. Là encore, le compromis a été trouvé dans la douleur sur un texte qui a fait l’objet d’un lobbying intense. Sans la France et l’Allemagne. Car systématiquement, ce sont les deux pays qui font blocage et entraînent les réfractaires dans leur délire autoritaire. Leurs dirigeants exportent une politique mortifère intérieure à l’échelle du continent. Quitte à tuer le faible crédit que les citoyens accordent encore aux institutions.

Alexandra Parachini