Entre espoirs et fatalisme

Le bilan complet des accidents de la route sera présenté au mois de mai 2020, a fait savoir, lundi, le ministère de tutelle des Transports. En attendant, celui-ci annonce que, selon le bilan tiré fin janvier 2020, le nombre de morts sur les routes du Grand-Duché a diminué de 40 % en 2019 par rapport à l’année précédente. En effet, 22 personnes ont été tuées en 2019 contre 36 en 2018.
Si cela constitue déjà une grande victoire en soi, la bataille est loin, et même très loin, d’être gagnée. Certes, le ministère indique que le pays est sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de l’ONU d’une baisse fixée à 50 % pour l’an 2020, mais l’objectif fixé par l’ambitieuse campagne dite «Vision Zéro», soit aucun mort ni blessé grave sur les routes, est quant à lui loin d’être atteint. Alors s’agit-il tout simplement d’un objectif irréaliste, inconcevable, voire complètement fantaisiste? L’accidentologie routière est loin d’être une science exacte et elle répond à une multitude de facteurs imbriqués les uns dans les autres et, au risque d’exprimer une opinion empreinte de fatalisme, force est de constater que la route sera toujours meurtrière, et ce, malgré le sérieux travail de prévention continuellement réalisé. La «solution universelle» ou la «panacée» n’existent probablement pas, au grand dam des familles qui pleurent quotidiennement la disparition de leurs proches à travers toute la planète. Car il s’agit bien là d’un fléau mondial qu’on ne peut éradiquer. En ce sens, l’action «Vision Zéro» est forcément louable, mais plus que certainement utopique. À moins que le gouvernement ne se mette à décréter l’interdiction des voitures personnelles, à quelques jours de l’entrée en vigueur de la gratuité des transports publics, ce 1er mars… Soit une idée encore plus utopique si l’on pense ne serait-ce qu’à la pression exercée par les grands lobbies automobiles. L’unique espoir qu’il reste à nourrir est bien entendu de réussir à faire baisser, de manière continue, le nombre de morts afin de se rapprocher au plus près de ladite «Vision Zéro» sans pouvoir toutefois la célébrer. Mais «qui ne tente rien n’a rien» selon le dicton…

Claude Damiani