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Entre bons voisins

Xavier Bettel était à Paris hier, où il a rencontré son homologue français à l’hôtel de Matignon. Des sujets tels que le passeport sanitaire européen ont été discutés, mais le Covid n’a pas été le seul sujet abordé. Eh oui, le thème des rétrocessions fiscales a été évoqué… par ricochet. Le 12 juillet aura lieu une conférence intergouvernementale entre la France et le Luxembourg. Elle abordera la mise en place de projets communs pour accompagner un développement harmonieux des deux côtés de la frontière. Pas de chèques, a répété Xavier Bettel, mais une participation à des initiatives concrètes visant à faciliter la vie des frontaliers et permettant à l’attractivité économique grand-ducale de ne pas être entravée par des difficultés «logistiques». Du gagnant-gagnant en quelque sorte. Mais n’imaginons pas que le débat sur les rétrocessions fiscales directes, notamment pour les communes frontalières, soit enterré.

Le gouvernement luxembourgeois a pu bénéficier d’un moment de répit après les élections municipales grâce à des élus lorrains (celui de Metz notamment) préférant l’option de la coopération. Mais dans les petites communes frontalières qui voient leur population augmenter, le dilemme reste le même : construire écoles, routes et infrastructures publiques pour des habitants qui payent en très grande partie leur impôt au Grand-Duché. Et la pression ne risque pas de baisser pour ces cités, dynamiques au niveau démographique mais dont le tissu économique est aussi vampirisé par le Grand-Duché et son imposition pour les entreprises plus avantageuse. Ce n’est donc qu’un répit et il faudra aborder ces dissensions avec calme et politesse. Certaines réflexions provenant du gouvernement luxembourgeois, parfois méprisantes, ont pu blesser de l’autre côté de la frontière. Un ressentiment se forme ainsi parfois chez certains de nos voisins vis-à-vis du Grand-Duché. D’autant plus que ces mots ont touché des Lorrains qui ne regardent le Grand-Duché que de très loin et qui se demandent ce qui a bien pu arriver à ces voisins autrefois moins cassants. La défiance a progressé entre les Européens avec le Covid. Il ne faudrait pas que cette «maladie» touche aussi la Lorraine et le Luxembourg.

Laurent Duraisin