Son passage devant les députés et la presse aurait pu et dû apporter de la clarté. C’est le contraire qui s’est produit. La ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, s’est contentée hier de revenir sur les grandes lignes de la réforme envisagée des pensions, sans vraiment livrer de détails supplémentaires (lire en page 4). Le message central reste inchangé : une augmentation progressive des années de cotisation pour rapprocher l’âge de départ réel à la retraite – tournant actuellement autour des 60 ans – de l’âge de départ légal, qui restera bien fixé à 65 ans. Qui sera concerné, dans quelle mesure et à partir de quand? Le flou demeure, en dépit de l’annonce selon laquelle la durée de cotisation maximale sera de 45 ans.
La bonne nouvelle est peut-être que Martine Deprez s’engage désormais formellement à entamer dans les prochaines semaines des discussions plus approfondies avec les partenaires sociaux et les jeunes générations. L’objectif serait de détailler les pistes proposées et de préparer l’élaboration concrète des mesures. La finalisation d’un avant-projet de loi est repoussée à l’automne. L’exécutif conservateur-libéral sera-t-il prêt à revenir sur les grands principes retenus, visiblement arrêtés dans une certaine précipitation? Sera-t-il possible de s’accorder avec les syndicats et le patronat sur d’autres pistes pour refermer le fossé entre âge de départ réel à la retraite et âge légal? Des sources de financement alternatives pour assurer la soutenabilité du régime pourraient-elles être envisagées? Même si une hausse du taux de cotisation est écartée par le gouvernement, les ministres de tutelle ont tout intérêt à aborder les discussions à venir avec la volonté de trouver des compromis. Simplement écouter et trancher seul, sans tenir compte des arguments de l’autre camp, ne sera pas suffisant pour mener à bien une réforme sociétale d’une telle envergure.
La communication sera aussi à parfaire, y compris entre les partenaires de coalition et à l’intérieur des partis de la majorité. Le Premier ministre, Luc Frieden, s’est efforcé hier de réfuter toute tension. Il faut désormais espérer que la fondation instable sur laquelle repose la réforme des pensions pourra être stabilisée grâce à un vrai dialogue social et sociétal.