Aujourd’hui, tous les yeux sont braqués sur la France. L’ensemble du pays retient son souffle. À l’Assemblée nationale, le dernier Premier ministre en date, François Bayrou, engage la survie de son gouvernement dans un vote de confiance. Comme son prédécesseur il y a presque un an, Michel Barnier. Comme Élisabeth Borne, en janvier 2024.
Sans majorité claire et sous la pression d’une unité inédite à gauche, sa chute paraît inévitable. La campagne a commencé il y a deux semaines, lorsqu’il a engagé sa responsabilité dans ce scrutin extraordinaire, prétendant que «la lucidité peut l’emporter» et que «s’il n’y a pas de majorité, le gouvernement tombe». Force est de constater que la lucidité ne va certainement pas l’emporter ce coup-ci. Désolé M. Bayrou.
Aujourd’hui, partout dans l’hémicycle, la confiance n’est plus au rendez-vous. Les partis d’opposition (RN, LFI, PS, Écologistes) ne le soutiendront pas. Même Les Républicains ont souhaité offrir la liberté de vote à leurs députés, la lutte ne sera pas équitable.
Une défaite, une désillusion pour le maire de Pau, qui pourrait bien profiter… à la gauche. Son heure de gloire est-elle enfin arrivée? Les chiffres sont là : une coalition centriste affaiblie, des oppositions unies (pour la première fois), 44 milliards d’euros à valider ou à sacrifier dans le budget 2026… Telle est la trame de cette rentrée politique française explosive. Un mélange d’espoir et d’impatience flotte dans les rangs des sympathisants socialistes, plus d’un an après avoir remporté les législatives de 2024.
Ce n’est pas simplement une crise gouvernementale que vivent nos voisins. C’est un miroir tendu à la France. Jusqu’à présent, la gauche avait vu ses espoirs étouffés par des équilibres fragiles et des fidélités instables. Mais aujourd’hui, tout pourrait changer. Ou tout recommencer. Les scénarios qui s’ouvrent sont multiples : un nouveau Premier ministre, une dissolution de l’Assemblée, une transition inattendue… Les paris sont ouverts et l’on observe ce spectacle, de l’autre côté de la frontière. Sortez les popcorns.
Gare à l’illusion, cependant. Sans leadership clair, sans projet unifié palpable au-delà du vote symbolique, le fil d’espoir tendu par la gauche pourrait très vite se rompre. La France attend. La gauche tiendra-t-elle son rôle, enfin ?