Le constat est dressé par Nathalie Oberweis (déi Lénk). Lors d’un énième débat sur la crise du logement, la néodéputée a estimé que les élus ne se rendent pas forcément compte de la désespérance dont souffrent les personnes en quête d’un logement digne et à prix abordable. Avec un traitement brut de 7 500 euros par mois, un député ne devrait en effet pas connaître de difficultés à trouver un logement, même si une partie de ce montant est reversée au parti. Cela est d’autant plus vrai que le mandat de député n’est pas un emploi à plein temps. Tous les élus ont le droit d’exercer des activités annexes avec à la clé de juteux revenus comme membre de conseil d’administration, mais aussi comme mandataire local.
Selon nos confrères de Reporter.lu, les députés CSV Léon Gloden, Laurent Mosar et Michel Wolter touchent ainsi, outre leur traitement de député, entre 130 000 et 156 000 euros annuels. Vendredi, nos confrères du Land ont rapporté que Georges Engel (LSAP), Gilles Baum (DP) et Claude Wiseler (CSV) touchent 17 000 euros brut pour participer aux quatre réunions annuelles du conseil d’administration de CLT-UFA, maison mère de RTL Luxembourg.
Notre intention première n’est pas d’entraîner jalousie ou rancœur, mais c’est un fait que le train de vie de nos élus complique la possibilité pour eux de se mettre dans la peau des «gens là-dehors», comme aiment le souligner les députés lors des débats à la Chambre. Dans cet ordre d’idées, il est incompréhensible que les élus hésitent toujours à consulter plus largement la société civile. Vendredi, l’Association des journalistes professionnels s’est une nouvelle fois plainte que sa demande d’un échange avec la commission des Médias, formulée en septembre 2020, n’ait jamais trouvé de suite. La très contestée réforme de l’aide à la presse a été votée jeudi. L’OGBL a fait un pas de plus, mardi, en dénonçant le fait que les responsables politiques font la sourde oreille et adoptent des lois qui vont à l’encontre des intérêts des simples particuliers.
Ce fossé qui se creuse est dangereux. Enfermés dans leur bulle, les députés, mais aussi les ministres, ont tout intérêt à descendre de leur piédestal et à faire preuve d’une plus grande ouverture.
David Marques