Pendant de trop longues années, le Luxembourg s’est appuyé sur les pays voisins pour, d’un côté, former ses futurs médecins et, de l’autre, se fournir en personnel de soins. La pandémie de coronavirus n’est venue qu’accentuer la fébrilité d’un système médical qui repose toutefois sur de solides bases financières. Cette manne budgétaire a permis d’améliorer la qualité des soins. La prise en charge médicale s’est diversifiée et spécialisée. En parallèle, la recherche médicale s’est développée à la vitesse grand V. Mais ces avancées se sont aussi faites au détriment de la Grande Région.
Le Covid-19 a servi d’électrochoc. La perspective de voir la France, la Belgique ou l’Allemagne réquisitionner ses médecins et infirmiers travaillant au Luxembourg a forcé le gouvernement à sortir de sa torpeur. Alors que la sonnette d’alarme a été activée bien plus tôt, il a fallu attendre 2019 et l’état des lieux dressé sur les professions de santé pour que les responsables politiques prennent conscience que le Grand-Duché risque de se transformer en désert médical.
La réaction s’est fait attendre, mais depuis septembre dernier, l’université du Luxembourg a considérablement étoffé ses formations en médecine. L’Association luxembourgeoise des étudiants en médecine (ALEM) continue à revendiquer la création d’un véritable Centre hospitalier universitaire afin de rendre le Luxembourg encore plus performant et attrayant vis-à-vis des professions de santé.
Pour réduire la dépendance en termes de personnel de soins, le gouvernement vient aussi de décider de revoir sa position au niveau de la formation des infirmiers. Très sceptique au départ, le ministre Claude Meisch a fini par retourner sa veste et a pu annoncer fièrement, hier, la création de nouveaux programmes de bachelor. L’Uni.lu est censée accueillir des étudiants de toute la Grande Région. Le projet d’un campus franco-luxembourgeois semble aujourd’hui écarté.
À condition de trouver assez de candidats prêts à se lancer, la nouvelle stratégie de formation médicale pourrait permettre au Grand-Duché de s’engager sur la voie de guérison. L’exode de médecins et infirmiers vers le Luxembourg ne sera pas freiné pour autant…
David Marques