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En roue libre

C’est donc confirmé. Le Luxembourg tient une nouvelle affaire politique. Le fichier central de la police, baptisé « casier bis » ou « casier secret », se trouve tout à coup sur le devant de la scène, alors que ce dernier existe depuis… 1992. Aucun ministre, aucun député, aucun avocat, aucun magistrat ni aucun citoyen ne s’est jusqu’à présent plaint de l’existence de ce fichier, qui comprend donc tous les procès-verbaux dressés par la police, peu importe si les faits ont mené à une condamnation ou pas.

Depuis mercredi, on sait que 2000 officiers de police judiciaire ont un accès direct à ce casier bis. Ce chiffre a choqué jusqu’aux députés de la majorité. Les partis de l’opposition n’en demandaient pas autant pour mettre le gouvernement dos au mur. Le fait que la police semble être en roue libre depuis près de 30 ans est cependant vite oublié par ceux qui fustigent les ministres en place. Cela n’enlève cependant rien à la gravité de cette affaire. Mais elle démontre une nouvelle fois qu’il existe des domaines dans ce petit Grand-Duché auxquels on ne prête pas trop d’attention, jusqu’à ce qu’une révélation vienne enrayer la machine.

Il est logique que le CSV voie des similitudes avec l’affaire du SREL. La passivité de l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker, qui a négligé les activités du service de renseignement, a finalement mené à la chute de son gouvernement. Dans les deux affaires, des fichiers secrets ont fait leur apparition. Déterminer si le casier bis pèse plus lourd que l’affaire du SREL doit plus que jamais être l’affaire d’une commission d’enquête parlementaire.

Dans l’opposition, l’ADR est pour. Le CSV est plus évasif. Mais au vu de la transparence prônée depuis fin 2013 par le gouvernement Bettel, la majorité ne devrait pas repousser cette option. Vu l’étendue du fichier et l’implication de sept gouvernements successifs –et, donc, aussi sept Chambres des députés– une analyse indépendante et approfondie est nécessaire aussi pour écarter tout reproche de magouille ou d’État de droit défaillant.

David Marques