Dans l’éditorial publié hier dans les colonnes du Tageblatt, on pouvait lire que lors de cette année 2024, plus de 4 milliards de citoyens auront à travers la planète le droit de se rendre aux urnes. Dans nos sphères, les élections européennes de début juin, mais aussi la présidentielle aux États-Unis, début novembre, vont attirer davantage d’attention que les scrutins dans des États plus lointains. Les enjeux ne sont pour autant pas moins importants. Il suffit de penser à Taïwan, l’archipel menacé par une invasion chinoise, qui va élire dès ce samedi une nouvelle présidente. En Russie, la réélection de Vladimir Poutine ne fait aucun doute, transformant d’office cette élection en farce.
Malgré les importants enjeux géopolitiques, les Européens – y compris nous Luxembourgeois –, n’ont pas tort de regarder de plus près ce qui se passe chez eux et dans leur voisinage direct. Le président de la Chambre, Claude Wiseler, s’est montré hier inquiet que la démocratie se trouve plus que jamais sous pression. Il suffit de lorgner vers la Hongrie, qui sous l’égide de Viktor Orbán, se transforme de plus en plus en un État autoritaire. Le fait que le principal agitateur parmi les 27 ait été élu dans des élections (a priori) libres n’est qu’une faible consolation. La vague extrémiste et nationaliste déferle sur le Vieux Continent. Des partis issus de ces courants sont au pouvoir en Italie, Autriche, Slovaquie, Suède et Finlande. Les Pays-Bas sont aussi sur le point de basculer, même si la formation d’un gouvernement emmené par Geert Wilders, grand vainqueur des législatives du 22 novembre, s’annonce très compliquée. En Allemagne, les élections régionales de cet automne dans des Länder de l’Est pourraient voir l’AfD sortir première des urnes.
«Au Luxembourg, tout n’est également pas rose», fait remarquer Claude Wiseler dans ce contexte politique tendu. Il renvoie vers une nette perte de confiance des citoyens dans les institutions politiques (lire en page 2). Afin d’éviter pareil scénario au Grand-Duché, présentant déjà un important déficit démocratique, tous les élus doivent prendre au sérieux le message de reconquête, lancé par le président de la Chambre. La porte à des extrémistes ou nationalistes est plus rapidement ouverte que refermée…