L’équipe gouvernementale du nouveau président brésilien d’extrême droite, Jair Bolsonaro, s’est mise en ordre de bataille, mercredi. C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre pour le plus grand pays d’Amérique du Sud et qui compte 208 millions d’habitants. Un autre populisme vient d’émerger dans une nouvelle partie du monde. Doit-on en vouloir au peuple brésilien ?
L’ancien capitaine de l’armée brésilienne a séduit, lors de la campagne, avec son discours radical dans un pays fatigué des scandales politiques à répétition, d’une corruption qui a sapé la confiance envers l’État, d’une crise économique qui a fait tomber dans la pauvreté, à nouveau, une partie de la population. Et que dire de la violence qui s’est installée dans les grandes agglomérations du vaste pays lusophone ?
Sur les chaînes d’information en continu, les téléspectateurs brésiliens peuvent assister en direct à des opérations de maintien de l’ordre lancées dans les tristes favelas aux mains des gangs. Et ce ne sont plus les policiers qui encadrent ces actions, mais l’armée, qui déboule avec ses blindés et ses hélicoptères volant au ras des toits en tôle ondulé. Jair Bolsonaro veut remettre en ordre le pays et se risque même à promettre une politique plus libérale concernant la législation des armes à feu afin que les citoyens puissent se protéger eux-mêmes. Plus d’armes pour qu’il y ait moins de violence. Pas sûr que l’équation fonctionne…
Concernant les relations internationales, le Brésil tombe dans l’escarcelle du trumpisme. Le locataire de la Maison-Blanche trouvera à Brasilia un allié de poids alors que le continent sud-américain est en proie à des convulsions inquiétantes. La crise vénézuélienne et ses millions de réfugiés ont fragilisé les rapports entre États. La ligne dure promise par Jair Bolsonaro ne risque pas d’apaiser les colères alimentées par une situation sociale inquiétante sur tout le continent et la résurgence d’un discours belliqueux. Lors de son investiture, le nouveau président a annoncé la couleur en criant : «Le Brésil au-dessus de tout, Dieu au-dessus de tous !» Ses voisins sont prévenus.
Laurent Duraisin