Accueil | Editoriaux | En manque de souffle

En manque de souffle

Jusqu’au bout du suspense pour tous. Jusqu’au bout de la peur pour beaucoup. Le second tour de l’élection présidentielle a dévoilé son verdict hier soir : Emmanuel Macron, le président sortant, a été réélu pour un mandat de cinq ans. Cinq années qui risquent d’être longues tant le travail qu’il y faudra faire pour que les Français renouent avec une forme de fraternité est immense.

Oui, Macron a gagné face à Marine Le Pen comme en 2017. Mais nous sommes loin d’être dans la même situation. La candidate de l’extrême droite n’est plus vue comme l’outsider qui ne peut que perdre. L’écart entre les deux candidats s’est considérablement resserré entre les deux scrutins. Lors de cette campagne électorale, elle a réussi à rassembler autour d’elle tous les déçus du quinquennat du président Macron. Elle a rassemblé, car elle s’est efforcée de changer son image, de lisser son discours, de ne plus effrayer en évoquant une sortie de l’euro, voire de l’Europe…

Soyons clair, le fond de son programme est le même que son père Jean-Marie. Mais depuis plusieurs années, elle a tout fait pour redonner une honorabilité de façade à son parti. Elle est passée de «front» à «rassemblement national», elle a viré son père, exclu les plus extrémistes, laissé partir chez Éric Zemmour ceux qui voulaient entendre un discours encore plus dur face à l’immigration et s’est efforcée de montrer un visage enfin bienveillant. La stratégie a marché. Elle était à deux doigts de conquérir le pouvoir. Mais le sursaut républicain a eu lieu. Encore une fois.

Dimanche, Emmanuel Macron a été pour beaucoup le candidat par défaut, malgré les stratégies de séduction de Le Pen. Comme en 2017. Macron vivra encore cinq années à l’Élysée, mais son mandat s’annonce extrêmement compliqué. Comment va-t-il pouvoir faire pour rassembler à nouveau autour de lui ? Que ce soient les élus (il y a des élections législatives qui se profilent en juin) mais aussi les Français. Il semble que ses détracteurs attendent n’importe quel moment pour rallumer la mèche de la contestation. L’objectif : freiner ou stopper ses initiatives. Depuis cinq ans, ces luttes, les violences, les affrontements ont épuisé la démocratie française. Va-t-elle pouvoir reprendre son souffle ? Pas sûr.