Il ne faut pas juger trop vite, d’autant plus que le programme de coalition n’est pas encore dévoilé. Ensuite, il faudra voir comment les nouveaux ministres vont gérer leurs tâches. Mais, à première vue, la répartition des ressorts ministériels du nouveau gouvernement CSV-DP semble assez déséquilibrée. Sans parler du fait que, sur les quinze membres, seules cinq femmes (trois au CSV, deux au DP) ont été nommées par leurs partis respectifs. Il ne s’agit toutefois pas d’une surprise, vu le choix des chrétiens-sociaux et des libéraux d’opter pour des doubles têtes de liste exclusivement masculines dans plusieurs circonscriptions (au CSV, Est et Sud; au DP, Nord et Sud).
Revenons à la répartition des ressorts. Les futurs ministres du CSV auront, semble-t-il, à assumer une tâche bien moins lourde que ceux du DP. Seul Serge Wilmes peut faire figure d’exception, puisqu’il aura à gérer l’Environnement et la Fonction publique. Dans le camp des libéraux aussi, le déséquilibre ne pourrait être plus grand entre un Claude Meisch – il s’occupera à lui tout seul du Logement et de l’Aménagement du territoire, sans oublier l’Éducation, l’Enfance et la Jeunesse – et le nouveau venu Éric Thill, en charge de la Culture et délégué au Tourisme… Au moins, Claude Meisch a-t-il réussi à céder l’Enseignement supérieur et la Recherche à la néophyte Stéphanie Obertin, qui hérite aussi de la Digitalisation. Yuriko Backes compte les deux ressorts détenus par François Bausch (Défense; Mobilité et Travaux publics), mais voit s’y ajouter l’Égalité des genres et la Diversité. La barque du Premier ministre sortant, Xavier Bettel, est également très chargée, mais il a sagement refilé la patate chaude de l’Immigration au CSV et celle de l’Accueil des migrants à son collègue de parti Max Hahn.
Listé ainsi, on peut conclure que le CSV, sorti en tête des urnes (21 députés), a remporté le premier bras de fer avec le DP (14 députés). Les chrétiens-sociaux auront de plus la présidence de la Chambre et pourront désigner le prochain commissaire européen. Le fait que le nombre de ministres est quasiment équitable (huit et sept) ne sera peut-être pas suffisant pour assurer la cohérence du gouvernement conservateur-libéral, tant souhaitée par le futur Premier ministre Luc Frieden.