L’OGBL est revenu à la charge mercredi. Et il ne décolère pas. Le premier syndicat du pays reste vent debout contre l’accord tripartite et le report des tranches indiciaires qui en découle. Isolés dans un premier temps, les militants emmenés par Nora Back se voient de plus en plus confirmés dans leur choix de ne pas valider le résultat des négociations menées fin mars entre gouvernement, syndicats et patronat. On ne peut plus leur donner tort.
Il se confirme en effet que la modulation de l’index risque de produire des effets pervers, tant pour les salariés que pour les patrons. L’inflation galopante vient remettre en question un accord pourtant vanté comme suffisant pour donner la prévisibilité nécessaire aux ménages et aux entreprises pour les deux années à venir. La volonté du gouvernement d’écarter tout conflit social en prévision des élections de 2023 s’est soldée par un cuisant échec.
Les incertitudes qui vont de pair avec l’accord se traduisent aussi par de longues tractations à la Chambre des députés. Pour l’instant, le camp patronal ne s’agite pas outre mesure. Il se retrouve en effet dans la position confortable de savoir qu’une seule tranche indiciaire sera à verser en cette année 2022 ainsi qu’en 2023. L’État prend en charge la compensation financière pour la perte de pouvoir d’achat qu’entraîne le non-versement de l’index.
Un doute persiste toutefois sur une prochaine compensation pour la tranche qui sera due courant 2023. En fonction de l’évolution de l’inflation – un taux de 2,8 % pour 2023 semble être très optimiste – un embouteillage de l’index est en vue. Un peu naïvement, l’accord tripartite impose aux entreprises le versement en bloc, en avril 2024, des tranches supplémentaires reportées. Ce scénario se précise avec l’embargo sur le pétrole russe, acté lundi par l’UE.
Un problème majeur est que le gouvernement sortant engage d’ores et déjà ses successeurs. Il est bien beau de clamer aujourd’hui qu’aucune tranche indiciaire ne sera supprimée. Mais quelle sera la réalité au printemps 2024 ? L’OGBL réclame désormais le retrait de l’accord initial. Malgré les difficultés qui s’annoncent, on voit mal la majorité faire marche arrière. Temporiser jusqu’en 2024 n’est cependant pas une option valable.