Le dicton est à l’origine allemand, mais il est également utilisé en langue française : «Le diable se cache dans les détails». L’expression souligne l’importance de ne jamais négliger les détails, car ils peuvent être source de désagréments, voire créer des ennuis importants. Pire encore : le fait d’aller trop vite en besogne peut compromettre tout un ensemble.
Pourtant, les acteurs politiques sont nombreux à ne pas tenir compte de cette mise en garde imagée. L’effet d’annonce est souvent préféré à une option mieux réfléchie et plus travaillée. Le gouvernement luxembourgeois ne fait pas exception à la règle. Deux exemples peuvent être mis en avant.
Remontons tout d’abord aux négociations de coalition en automne 2018. Les personnes les moins intéressées aux tractations politiques ont au moins retenu une annonce : le Grand-Duché va suivre l’exemple du Canada et légaliser le cannabis récréatif. Comment ? Quand ? Quelles sont les contraintes ? Rien de tout cela n’a été clarifié en amont. Les anciens ministres Étienne Schneider (Santé) et Félix Braz (Justice) ont d’ailleurs longtemps tu le fait qu’une telle légalisation entrave une convention des Nations unies. Près de cinq ans plus tard, le gouvernement se dit au moins conscient qu’une parade devra être trouvée pour contourner ce traité.
Plutôt anecdotiques (ou pas), les remarques formulées par les autorités judiciaires par rapport au projet de loi visant à légaliser au moins la culture de quatre plants de cannabis à domicile. Premier problème : comment gérer la situation dans une résidence avec d’un côté des habitants d’appartements qui cultivent et fument du cannabis et de l’autre ceux qui se sentent incommodés par son odeur ? Plus ubuesque encore : faudra-t-il équiper les policiers de balances électroniques pour vérifier dans la rue si un individu ne transporte pas plus que les trois grammes tolérés ? De nombreuses autres failles ont été identifiées par les magistrats.
Un casse-tête semblable se profile à l’horizon avec le portefeuille électronique, le dernier «bonbon» annoncé par le gouvernement. Une question évoquée mercredi dans nos colonnes : comment le policier pourra retirer le permis de conduire numérique à un chauffard fortement alcoolisé ? Comme dit, le diable se cache dans les détails…