Trouver un compromis avec la Grèce sur sa dette et sur la politique d’austérité qui lui est imposée, au-delà des considérations politiques et économiques, est aussi une nécessité géopolitique pour l’Union européenne.
Dès sa prise de fonction, le nouveau gouvernement grec a vu la Russie et la Chine lui faire la cour. L’ambassadeur russe à Athènes a ainsi été le premier à recevoir Alexis Tsipras après sa victoire aux législatives. Pas plus tard que mercredi, le Premier ministre chinois, Li Keqiang, a invité son homologue grec à se rendre à Pékin. Mercredi également, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, qui recevait à Moscou le ministre des Affaires étrangères grec, a souligné que le Kremlin était ouvert à l’idée d’aider financièrement la Grèce.
Bien sûr, toutes ces manœuvres peuvent apparaître comme un grand bluff. D’abord de la Russie qui, au vu de l’état de son économie et de la faiblesse du rouble, aurait bien du mal à soutenir Athènes. Le dossier grec semble avant tout un moyen pour Moscou de saper l’unité européenne. Mais bluff également de la part des Grecs. Dans toute négociation, il faut bien avoir quelques cartes en main pour obtenir satisfaction, surtout lorsque l’on est en position de faiblesse. Et ce « chantage russe » est l’une de ces cartes.
Mais l’Union européenne peut-elle prendre ce risque ? Elle se doit de parler d’une seule voix dans la crise ukrainienne. Il faut, par exemple, l’unanimité des États membres pour adopter ou lever des sanctions économiques. Et il est déjà bien difficile de trouver une position commune à 28. Il existe par exemple un fort clivage entre les pays de l’Ouest, plus enclins à la négociation, et les pays de l’Est, marqués historiquement par l’occupation soviétique.
Enfin, voir un pays « tomber » dans le giron de régimes peu recommandables est une menace pour le modèle européen. En dépit de ses imperfections, l’UE est le plus grand espace démocratique de la planète. Or ce modèle est déjà remis en cause par la Hongrie de Viktor Orban et son projet fumeux de « démocratie illibérale » inspiré par Poutine, nul besoin de voir la Grèce s’y attaquer également.
De notre journaliste Nicolas Klein