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Editorial – Surtout ne parlons pas politique

L’accession au pouvoir du parti de gauche Syriza, en Grèce, secoue la classe politique européenne.

Il y a les tenants de l’orthodoxie budgétaire stricte prônant, à l’image de l’Allemagne, la fermeté vis-à-vis d’Athènes. Et il y a ceux qui se réjouissent de la remise en cause d’une austérité entraînant toujours plus de difficultés pour les populations qui y sont soumises.

Mais tous admettent que l’on ne peut rejeter d’un bloc l’aspiration démocratique du peuple grec à changer un logiciel économique imposé par les créanciers. Tous reconnaissent qu’il faudra discuter avec Athènes, chacun divergeant sur le degré de concessions à faire.

Le Luxembourg, ou plutôt son gouvernement, n’a pour sa part pas d’opinion sur le sujet. C’est du moins ce qui ressort de la réponse officielle que Le Quotidien a laborieusement recueillie auprès du ministre des Finances, Pierre Gramegna, qui sera en première ligne dans les négociations avec Athènes.

Aux questions fondamentalement politiques portées par le nouveau gouvernement hellénique, le Luxembourg apporte des réponses exclusivement techniques sur les modalités de la renégociation de la dette.

C’est un peu court, car l’on est en droit d’attendre des ministres qu’ils ne se bornent pas, dans leurs fonctions, à un rôle purement technocratique. Leur charge est éminemment politique et doit, à ce titre, être porteuse de visions pour l’humain. C’est le sens même du processus électoral et de la démocratie.

Dans le même temps, ce type de réponse technique correspond parfaitement au refrain néolibéral selon lequel l’économie serait une science exacte, régie par des formules mathématiques irréfutables. Cette logique dogmatique aboutit au « il n’y a pas d’autre choix » que l’on nous rabâche depuis des années pour justifier démantèlements sociaux et injustices fiscales.

Bien que la coalition gouvernementale luxembourgeoise soit, pour une large part, à composante socialiste, le message délivré sur la Grèce semble clair : le raisonnement comptable prime et, surtout, ne parlons pas politique.

De notre rédacteur en chef Fabien Grasser


> Écrire à notre rédacteur en chef : fgrasser@lequotidien.lu

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