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Editorial – Sale temps pour le GIEC

Oui, le sexe mène le monde. Mais quand même. Alors que le procès du Carlton de Lille vient de s’achever, on apprend que le président du GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat), l’Indien Rajendra Pachauri, 74 ans, est accusé de harcèlement sexuel par une jeune chercheuse de 29 ans.

Bien loin du proxénétisme aggravé façon DSK et consorts, il ne s’agirait là que de mails et de SMS déplacés.

Peu importe en fait. Le vrai problème, c’est que Rajendra Pachauri, sous la menace d’un placement en détention provisoire, a dû renoncer à ses fonctions à la tête du GIEC. Et les observateurs s’accordent à analyser ce retrait comme un coup de tonnerre à quelques mois de la conférence de Paris sur le climat.

Après treize ans à la tête du GIEC, Pachauri ne présidera ainsi pas la session plénière prévue cette semaine à Nairobi. Or l’année 2015 sera cruciale pour le climat, avec des négociations qui s’annoncent compliquées entre pays développés et pays émergents. L’enjeu : prendre le relais de Kyoto pour l’après-2020 et obtenir l’accord le plus ambitieux jamais conclu pour lutter contre le réchauffement climatique.

Or le GIEC, fort de plus de 3 000 scientifiques, joue un rôle fondamental dans les débats, ses rapports servant de baromètre pour mettre la pression sur les dirigeants politiques les moins pressés, les plus sceptiques, les plus cyniques. Pour démontrer l’urgence à agir. Ce n’est pas rien.

Dans son dernier scénario le plus pessimiste, le GIEC prévoit une hausse des températures de 3,7 à 4,8 degrés en 2100 par rapport à 1850-1900. Autant dire un désastre pour nos petits-enfants.

Bien sûr, c’est son rôle, le GIEC est alarmiste. Trop parfois, comme lorsqu’il avait prédit la fonte des glaciers de l’Himalaya d’ici 2035. Une bourde qui avait entamé sa crédibilité. Pachauri avait même dû présenter des excuses.

Désormais sans capitaine à son bord, le GIEC, qui avait obtenu le prix Nobel de la paix en 2007, doit pourtant rester à la barre. Car en matière de climat, ni le sexe ni l’argent ne mèneront le monde vers son salut.

De notre journaliste Sylvain Amiotte


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