Les cas d’hommes noirs tués sans sommation ou presque par des policiers blancs semblent se multiplier ces derniers temps.
Une vague de psychose s’est emparée des États-Unis où des manifestations plus ou moins pacifistes sont organisées tous les soirs, de Ferguson à New York. La vision de certaines images est quasiment insoutenable : un homme maîtrisé et étouffé par un policier, un enfant de 12 ans exécuté alors qu’il joue dans un parc avec une arme factice. Que des policiers tirent avant même de réfléchir fait froid dans le dos. Et cela en toute impunité, puisque chacune de ces affaires a débouché sur un non-lieu. La misère, le chômage et donc a fortiori la délinquance touchent plus facilement les populations noires, notoirement défavorisées. La banalisation des armes pousse sans doute les policiers à se méfier de la moindre bosse dans la poche des interpellés. Il serait intéressant de voir le nombre de policiers abattus chaque année par arme à feu.
En attendant, il semble que le simple fait d’être noir au mauvais endroit au mauvais moment est suffisant pour être criblé de balles. Et puisque les policiers tirent régulièrement à bout pourtant une douzaine de balles sur des individus non armés, c’est à se demander jusqu’où l’impunité pourra aller. Dans l’Amérique d’Obama, qui avait donné tant d’espoir aux Afro-Américains, le spectre du racisme est pourtant bien présent. Comment l’expliquer autrement quand des policiers qui sont censés protéger la population se protègent eux-mêmes, d’autant que la loi se range derrière eux. Alors que les Américains ont déjà bien du mal à faire confiance à leur gouvernement, cette série d’affaires va bien finir par creuser le fossé entre les institutions, représentées par la police, et sa population défavorisée, principalement des noirs et des latinos. En 2014, il va bien falloir laisser tomber cette culture du Far West et imposer des règles au sein de la police, une meilleure formation, inculquer des réflexes plus… humains.
De notre journaliste Audrey Somnard