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Editorial – Real-liberté

Il y a un mois, la France était frappée de stupeur à la nouvelle des attaques djihadistes contre « Charlie Hebdo », puis deux jours plus tard, contre l’Hyper Kacher de la porte de Vincennes.

De par la réaction des médias, l’onde de choc de ce drame s’est propagée à une vitesse inouïe dans le monde devenu d’un coup et presque tout entier « Charlie ». Le dimanche 11 janvier, ce fut la déferlante planétaire qui rassembla des millions de personnes venues – en principe – proclamer leur attachement à la liberté d’expression et plus généralement aux valeurs de la démocratie.

À Paris, dans un simulacre de défilé, l’on vit ainsi François Hollande marcher aux côtés d’une quarantaine de dirigeants politiques, dont nombre se distinguent par leur malveillance contre les journalistes et les médias libres, parfois de la façon la plus funeste. Il en va ainsi du président gabonais, Ali Bongo, ou, plus près de nous, du Premier ministre hongrois, Viktor Orban. Tout cela fleurait bon le bal des hypocrites, tant par ces participants douteux que par ceux qui s’honoraient de défiler à leur côté.

Moins de trois semaines plus tard, alors que les flingues des Kouachi et Coulibaly étaient encore presque fumants, l’on vit les mêmes défenseurs émérites de la liberté d’expression se rendre, mine abattue, en Arabie saoudite, pour un dernier hommage au roi Abdallah, monarque ayant hissé Riyad sur le podium des pires cauchemars pour journalistes.

Sous d’autres latitudes, la Chine détient la palme d’or pour le nombre de journalistes et cybercitoyens sous les verrous : ils sont 102 à croupir dans les geôles de la radieuse République populaire. Si radieuse pour les affaires que nos blancs chevaliers politiques se gardent bien d’émettre sur ce terrain la moindre remontrance vis-à-vis de Pékin. Réalité valant pour le Luxembourg qui tisse des liens financiers de plus en plus étroits avec l’empire du Milieu. L’on pourrait indéfiniment dérouler la liste des prédateurs de la liberté d’expression courtisés par les dirigeants européens. La liberté est modulable à l’aune des intérêts géopolitiques et économiques des uns et des autres. La tartuferie seule reste d’une accablante constance.

De notre rédacteur en chef Fabien Grasser


> Écrire à notre rédacteur en chef : fgrasser@lequotidien.lu

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