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Editorial – Radical

Jamais nous ne réussirons à avoir des millions de personnes dans la rue pour s’indigner du fait qu’un pour-cent des habitants de la planète possède la moitié de la richesse mondiale.

Cela fait des décennies que cela dure et le constat nous fait pousser des cris d’orfraie du fond d’un canapé. Puis on digère, comme si les 80 personnes les plus riches au monde qui cumulent une richesse dépassant celle des 50 % les plus pauvres de la planète, soit 3,5 milliards de personnes, relevaient de l’anecdotique.

Cette inégalité outrancière est une réalité passée dans les mœurs. Sauf quand elle touche de plein fouet des populations qui en souffrent et qui ont la volonté d’y remédier et les moyens intellectuels pour y parvenir. Il a fallu en Europe que les Grecs et les Espagnols soient exsangues pour voir des mouvements, comme Syriza ou Podemos, partir de rien pour se présenter comme de très sérieux concurrents de l’establishment politique. C’est la gauche radicale. Il faut malheureusement ajouter cet adjectif qui fait frémir à notre époque pour se démarquer des partis de gauche traditionnels, genre socialistes, accusés d’avoir vendu leur âme au diable néolibéral. Pourtant, combien de fois ces socialistes et les conservateurs avec eux ont-ils conclu leurs discours en exigeant que l’économie soit au service des hommes et non l’inverse ? Plus qu’il n’en faut pour bien capter le message.

Aujourd’hui, les mêmes s’inquiètent de voir dimanche le parti de la gauche radicale Syriza remporter les élections législatives et à la majorité absolue, dans le meilleur des cas. Et ce sont eux, ces esclaves grecs et espagnols des créanciers, que l’actuel Premier ministre grec, Antonis Samaras, ose comparer au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Cela démontre son peu de connaissance du sujet. En dehors de tout un programme de lutte contre l’austérité, Syriza, dimanche, et Podemos, sans doute plus tard, tenteront par la voie démocratique de représenter plus simplement ceux qui lutteront les premiers contre cette aberrante inégalité de la répartition des richesses. Et les premiers à être élus pour véritablement remettre l’économie au service des hommes. Vous savez, cette petite phrase bon chic bon genre.

De notre journaliste Geneviève Montaigu


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20080327: HM: PHOTO GENEVIEVE MONTAIGU