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Editorial – Potion amère pour Juncker

Pas de chance pour Jean-Claude Juncker.

Sa préférence exprimée en décembre « de revoir des visages familiers » au pouvoir à Athènes à l’issue des législatives de dimanche n’a pas été entendue par les électeurs grecs. Ils ont choisi de renvoyer à leurs chères études une classe politique qui a fait de la corruption et du clientélisme l’alpha et l’oméga de son mode de gouvernance.

Les forfaits et la flagrante incompétence des dirigeants grecs à gérer une crise sans précédent ne sont pas seuls en cause dans l’effondrement social et économique du pays. L’Union européenne porte une large part de responsabilité dans la situation actuelle. Il y eut d’abord, en 2000, l’entrée de la Grèce dans la Zone euro sur la base de comptes publics que les dirigeants européens savaient truqués. Il y eut ensuite ce « plan de sauvetage » imposant une austérité aggravant la crise pour les Grecs, tout en engraissant les créanciers du pays : la dette s’est alourdie, le chômage a augmenté, les revenus ont baissé et ses acquis sociaux comme le droit à la santé sont progressivement démantelés.

Les institutions européennes, mais aussi l’Allemagne, ont été prompts, ces derniers jours, à signifier à Alexis Tsipras, leader de Syriza et nouveau Premier ministre, qu’il était tenu par les engagements de ses prédécesseurs. Le choix des Grecs est pourtant clair : ils rejettent à juste titre la poursuite d’une politique d’austérité marquée jusqu’à l’absurde du sceau de l’échec. Les responsables européens font d’autant plus mine de ne pas l’entendre qu’ils n’échapperont pas à la renégociation de la dette grecque que Tsipras a placée en tête de ses priorités. Ce que reconnaissent d’ailleurs en coulisses bon nombre de hauts dirigeants européens.

Sûr que pour Jean-Claude Juncker, l’un des architectes du funeste « plan de sauvetage », la potion sera amère. Le président de la Commission européenne martèle n’être ni « l’ami des banquiers » ni celui « du grand capital ». Au-delà des mots, le résultat des élections en Grèce est pour lui l’occasion de révéler dans quel camp il se trouve réellement : celui de l’intérêt de la finance ou celui de l’intérêt général, commandé par la démocratie à laquelle il se dit tant attaché.

De notre rédacteur en chef Fabien Grasser


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