Les partis Syriza et Podemos ne manquent pas de supporters à travers l’Europe.
La victoire historique du premier lors des législatives en Grèce et la démonstration de force du second, samedi, dans les rues de Madrid, ont redonné de la vigueur à tous les partis voulant dénoncer le diktat d’une Union européenne aux mains, selon eux, de technocrates ou de financiers. Une indignation, souvent fort légitime, qui permet de réunir les électeurs déçus par un jeu politique aseptisé et aimant les slogans rassembleurs.
En Grèce, Syriza tape par exemple sur cette maudite troïka ou sur l’Allemagne, cible facile, qui a pourtant dû passer à la caisse, comme les autres, pour maintenir à flot les comptes de l’État grec après les errements de ses gouvernements successifs. Du côté des leaders de chez Podemos, émanation politique du mouvement des Indignés, le discours aussi met face à face ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas ». Peut-être faudrait-il seulement les mettre côte à côte ? Dans toute l’Europe, nombreux sont ceux qui se frottent les mains en voyant cette vague de contestation se traduire par une mise hors-jeu des partis politique refusant cette radicalité.
Un exemple ? La gauche de la gauche française a envoyé délégués et représentants dans les manifestations en Grèce ou en Espagne. Et ceux-ci se sont bien souvent laissé aller devant les caméras en éructant leur haine des institutions qui ont bien mal géré selon eux le naufrage grec ou la crise espagnole. Tous espèrent voir ce « Grand Soir » tant attendu se dérouler aussi en France.
Malheureusement, cette belle histoire n’aura pas lieu. C’est plutôt un cauchemar qui attend l’Hexagone. En France, c’est en effet le Front national qui gagne des voix et bénéficie de cette vague de contestation antiaustérité, parfois anti-Europe et souvent pro-souveraineté nationale.
L’apparition, légitime, dans le jeu politique européen de Syriza et de Podemos est assurément une rupture. Mais gare à cette colère qui risque d’être captée en Europe par d’autres partis ne prônant pas vraiment l’égalité ou l’amitié entre les peuples et soufflant sur ces braises pour les transformer en brasier.
De notre journaliste Laurent Duraisin
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