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Editorial – Le mérite du dialogue

Le gouvernement a choisi le passage en douceur pour parvenir à l’accord historique conclu avec les représentants des cultes sur la séparation entre l’État et de l’Église, lundi soir.

L’on peut, certes, regretter des négociations menées dans la plus grande discrétion et l’absence de délibérations publiques, la méthode a le mérite de ne pas avoir exacerbé un débat envenimé depuis deux semaines par les attentats commis en France.

La coalition avait promis cette séparation. Les premiers jalons sont désormais posés. Le désengagement financier de l’État sera très progressif, notamment sur l’épineuse question de la rémunération des ministres du Culte. Surtout, le conventionnement des religions restera inscrit dans l’article 22 de la Constitution, mais avec une nuance de taille, l’État se déclarant désormais neutre sur le plan religieux. Le terme de laïcité n’apparaît pas dans l’accord, ce qui est peut-être sage à l’heure où il est employé à tort et à travers.

L’on voit bien qu’en France, sous l’impulsion du Front national suivi, par tactique électoraliste, par droite et gauche, le concept de laïcité est devenu au fil des dernières années un outil de stigmatisation de la religion musulmane.

Pourtant, la laïcité ne doit pas être prétexte à dénoncer la foi, mais d’abord un combat contre la prétention cléricale à exercer le pouvoir temporel. Elle apparaît surtout comme la meilleure garantie de tolérance inter-religieuse, y compris pour les athées. Autant une religion peut produire des fanatiques intégristes, autant est-elle, pour la majorité des croyants, porteuse de sens et de spiritualité. L’acceptation de cette liberté de conscience exige bienveillance, ouverture et curiosité, indispensables à la compréhension de la religion de l’autre.

Laïcité ou pas, il est remarquable qu’en conventionnant le Culte musulman, le gouvernement luxembourgeois est allé dans ce sens. C’est tout à son honneur. Bien que l’accord fasse grincer des dents au sein des Églises, il a au moins la vertu d’être le fruit d’un dialogue qui fait si cruellement défaut dans le débat religieux.

De notre rédacteur en chef Fabien Grasser


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