Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Hier, la lanceuse d’alerte américaine Chelsea Manning a fêté ses 27 ans.
Elle doit encore en purger une trentaine dans les geôles américaines pour avoir diffusé sur le site WikiLeaks des milliers de documents à propos de l’intervention américaine en Irak. Pour son anniversaire, Chelsea Manning, connue au moment des faits sous le nom de Bradley Manning, a reçu de nombreuses lettres, du chanteur de REM Michael Stipes, de l’autre lanceur d’alerte Edward Snowden, du réalisateur Terry Gilliam ou du prix Nobel de littérature J. M. Coetzee. Tous soutiennent celle qui a osé s’attaquer à l’impunité de l’armée américaine. Au point de devenir un symbole de ces lanceurs d’alertes, anonymes parmi les anonymes qui, un jour, décident de révéler au monde ce qu’il est en droit de savoir. Au grand dam des puissants qui se rendent compte que toute forme de secret est appelée à disparaître.
Un autre lanceur d’alerte a fait parler de lui cette semaine, le Français Antoine Deltour, ancien salarié de PricewaterhouseCoopers à l’origine du scandale LuxLeaks. Antoine Deltour ne risque pas la perpétuité pour avoir diffusé des documents confidentiels. Mais son ancien employeur a porté plainte contre lui. Car il est de bon ton, chez les tenants du secret, de condamner ceux qui le dévoilent. La loi les protège et c’est leur droit.
De Chelsea Manning à Antoine Deltour, en passant par Edward Snowden, il faut un courage certain pour prendre le risque de lancer une alerte. Ce courage, ils sont de plus en plus nombreux à l’avoir, lassés d’un système à sens unique. Car les documents fournis par Antoine Deltour dans le cadre de LuxLeaks n’étaient pas les seuls à l’origine du scandale. D’autres sont sortis des murs d’experts du secret. Et le tout remet en cause tout un monde. Aujourd’hui, les lanceurs d’alertes sont montrés du doigt, paria d’une société qui a érigé la normalité en valeur cardinale. Mais demain, ils seront les modèles de ceux qui croient en la justice. Demain, nous serons tous des lanceurs d’alertes. Happy birthday, Chelsea.
De notre rédacteur en chef adjoint Christophe Chohin